L'Encyclopédie sur la mort


Shelley Percy Bysshe

Percy Bysshe Shelley Shelley Percy Byssheest un poète britannique, né près d’Horsham (Sussex) le 4 août 1792. Il est mort en mer au large de la Spezia, le 8 juillet 1822. L'identification, que le poète Shelley établit entre nous et la mort («Nous sommes la mort»), signifie que la mort est intimement liée à la vie dès notre naissance. D'où sa constante proximité: «La mort est ici, et la mort est là... partout». Son poème ci-dessous exprime la finitude de nos espoirs, de nos amours, de nos plaisirs et de notre vie tout entière.

Death

Death is here and death is there,
Death is busy everywhere,
All around, within, beneath,
Above is death -- and we are death.
II.
Death has set his mark and seal
On all we are and all we feel
On all we know and all we fear,
...
III.
First our pleasures die--and then
Our hopes, and then our fears--and when
These are dead, the debt is due,
Dust claims dust -- and we die too.
IV.
All things that we love and cherish,
Like ourselves must fade and perish;
Such is our rude mortal lot --
Love itself would, did they not.
1824.

La mort
La mort est ici, et la mort est là,
La mort est affairée partout,
Tout alentour, dedans, dessous,
Là-haut est la mort, - et nous sommes la mort.
II
La mort a placé sa marque et son sceau
Sur tout ce que nous sommes, sur tout ce que nous sentons,
Sur tout ce que nous savons, sur tout ce que nous craignons,
...
III
D'abord nos plaisirs meurent, - et puis
Nos espoirs, et puis nos craintes, - et quand
Celles-ci sont mortes, la dette est due,
Poussière réclame poussière, - et nous mourons aussi.
IV
Toutes choses que nous aimons et chérissons,
Ainsi que nous faneront et périront,
Tel est notre rude destin mortel,-
L'amour même mourrait, sinon elles.

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Le cimetière est un lieu privilégié de la manifestation du funèbre où les catégories de la solitude et de la paix se révèlent en lien avec la nature et la succession des générations qui tour à tour disparaissent: «Ces tombes seules restent».

La mort
IIs meurent - les maris ne reviennent pas - Misère
S'assied près d'une lame ouverte, et en fait l'appel,
Adolescent aux cheveux chenus et à l'œil hagard -
Ce sont les noms de parent, d'ami et d'amant,
Qu'il appelle si faiblement - ils s'en tous allés!
Cher infortuné, tous morts, ces noms vides, seuls,
Cette scène si familière, ma peine -
Ces tombes seules restent .

II
Misère, mon ami le plus doux - oh! ne pleure plus!
Tu ne veux être consolé - Je ne m'étonne pas!
Car je t'ai vu sur la porte de ta demeure
Épier le calme coucher du soleil avec eux, et ce lieu
Était tout aussi brillant et calme, mais transitoire,
Et à présent tes espoirs s'en sont allés, tes cheveux sont chenus;
Cette scène si familière, ma peine - Ces tombes seules restent.

Source: P. B. Shelley, Odes, poèmes et fragments lyriques choisis. Traduction et introduction de André Fontainas, Paris, Librairie Garnier Frères, 1923.

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-02