L'Encyclopédie sur la mort


Norba

86-81 av. J.-C.: suicide mutuel par couple de «partisans» antimarianistes (anti Marius), proscrits ou près de l'être. Quand Norba (aujourd'hui Norma), cité dans le Latium sur la frontière des Volsques, fut livrée aux partisans de Sylla, ses habitants se tuèrent individuellement ou en groupe.

Récit de cet événement par Appien

XCIV. Les habitants de cette ville, instruits par ce spectacle que l'armée de Carbon était entièrement exterminée, sachant d'ailleurs que Norbanus s'était enfui d'Italie, et que Sylla était maître enfin de l'Italie entière et de Rome même, ouvrirent leurs portes à Lucrétius, tandis que Marius* s'alla cacher dans un souterrain, où bientôt il se donna lui-même la mort. Lucrétius fit couper la tête de Marius et l'envoya à Sylla, qui la fit accrocher aux rostres, au milieu du Forum. On dit qu'il tourna en ridicule la jeunesse de ce consul, et qu'il dit, à ce sujet, «qu'il fallait avoir mis la main à la rame, avant que de la porter au gouvernail.» Lucrétius, dès qu'il fut entré dans Préneste, fit mettre à mort une partie des membres du sénat qui servaient sous Marius, et fit emprisonner les autres. Sylla fit égorger ceux-ci à son arrivée dans cette ville. Il ordonna ensuite que tous les hommes qui étaient dans la ville se rendraient sans armes en plein champ. Après qu'ils y furent tous rassemblés, il fit mettre de côté le petit nombre de ceux qui avaient fait quelque chose pour son service. Les autres, il les partagea en trois pelotons, savoir, celui des Romains, celui des Samnites, celui des citoyens de Préneste. Cela fait, il déclara aux Romains que, quoique par leur conduite ils eussent mérité la mort, il voulait bien néanmoins leur faire grâce. Tous les autres, il les fit passer au fil de l'épée ; mais il laissa aller impunément les femmes et les enfants, et livra ensuite au pillage cette ville, une des plus riches qui existaient alors. Tel fut le sac de Préneste. La ville de Norbe continua de résister avec intrépidité, jusqu'à ce qu'Ëmilius Lépidus parvint à s'y introduire de nuit, à la faveur d'une trahison. Dans leur indignation contre le succès de cette perfidie, on vit les citoyens de cette ville, les uns s'égorger eux-mêmes, les autres s'entr'égorger spontanément, ceux-ci se pendre, ceux-là se barricader dans leurs maisons et y mettre le feu. Un vent véhément qui survint donna à l'incendie un si grand développement, qu'il fut impossible d'arracher aux flammes aucun butin. Ce fut ainsi qu'ils eurent le courage de se dévouer à la mort. Lorsque après tant d'incendies et tant de torrents de sang répandu (40), la guerre eut été terminée en Italie, les chefs du parti de Sylla en parcoururent les villes l'une après l'autre, établissant des garnisons dans celles qui paraissaient suspectes. Pompée fut envoyé en Libye contre Carbon, et ensuite en Sicile, contre ceux de ses partisans qui s'y étaient réfugiés. (Appien, Histoire des guerres civiles de la République Romaine, Traduction française de Combes-Dounous, Livre I, chapitre X, 94)
Site de «L'antiquité grecque et latine et du moyen âge»
http://remacle.org/bloodwolf/historiens/appien/combes11.htm

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Le ravin de Norba (Norma, Italia)

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-18