L'Encyclopédie sur la mort


Lieux de mort, lieux de vie?


Gautier AUBERT Maître de conférences d’Histoire moderne
CRHISCO, Université Rennes 2 Haute-Bretagne

«Lieux de mort, lieux de vie ? Essai sur l’espace vécu des parlementaires rennais (16e-18e siècle)» dans Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest , Numéro 110-4 (2003) Espace et histoire


RÉSUMÉ
Cette enquête se propose de chercher où vivaient les parlementaires rennais de l’Ancien Régime en inventoriant leurs lieux de mort. Jusqu’au début du 18esiècle, une majorité de défunts finissent leurs jours en ville en général et à Rennes en particulier. Puis s’observe une tendance à la bretonisation et la ruralisation des lieux de mort, ce qu’il est tentant de relier à l’évolution du recrutement du parlement. À travers cette étude, c’est donc la question de l’urbanisation de la noblesse bretonne ainsi que ses limites qui se trouve posée.

INCIPIT
«Dis-moi où tu meurs, je te dirai où tu vis»: cette formule peut servir à résumer le pari de cette enquête consacrée aux parlementaires rennais de l’Ancien Régime, population mobile dont on peut se demander jusqu’à quel point elle fut vraiment rennaise1. En effet, la question qui se pose est tout simplement de savoir si cette élite qui dominait la société rennaise était ou non une authentique noblesse urbaine, une «noblesse patricienne2». On le sait, en Bretagne, la vieille noblesse des manoirs n’a pas hésité à acquérir des charges de justice, et il est loisible de penser que cette orientation professionnelle a conduit inévitablement à son urbanisation3. Ceci, d’ailleurs, s’accorde parfaitement avec l’évolution observée à l’échelle du royaume, qui fait que la noblesse française est chaque jour qui passe un peu plus une noblesse urbaine.

Mais si ce cadre est généralement admis, il faut néanmoins reconnaître que l’on ne dispose pas d’indicateurs capables de nous renseigner sur les rythmes de ce flux migratoire qui affecte la noblesse bretonne. D’où l’idée de se tourner vers les registres paroissiaux, ou vers toute source pouvant nous renseigner sur les lieux de mort. Le catalogue des parlementaires établi il y a près d’un siècle par le conseiller Frédéric Saulnier peut aider à mesurer ce phénomène.

Texte intégral

http://abpo.revues.org/1358

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-10