L'Encyclopédie sur la mort


Kafka Franz

KafkaFranz Kafka, d'origine juive, né à Prague en 1883. Il fréquenta l'école communale allemande pour être élevé dans la culture germanique. Franz a une peur révérencielle de son père Hermann Kafka, commerçant peu intéressé à la littérature, et déteste sa famille* sauf sa plus jeune soeur Ottla. En 1901, Kafka entra à la faculté de droit de l'université allemande de Prague et obtint son doctorat en droit en 1906. il rencontra Max Brod lors d'une discussion sur Nietsche* et se passionna pour la littérature. Son premier texte Description d'un combat (écrit en 1907) se déroule à Prague. En 1908, il entre dans une compagnie d'assurances ouvrières de Prague, travail bureaucratique qui lui permet de subvenir à ses besoins, mais dont son regard lucide remarque le caractère absurde et nourrit ses oeuvres. En 1910, il décide de tenir un Journal dans lequel il relate sa vie quotidienne, l'éclosion de sa pensée, ses trouvailles littéraires, ses rencontres et les contrariétés de son existence. Avec Max Brod et autres amis, il voyage en Italie, Suisse et France. En 1913, son père ouvre un magasin sur la Grand Place de Prague où Kafka écrira Métamorphose. De sa fenêtre, il voit à l'intérieur de la cathédrale. Il vit ainsi coincé entre les cultures juives et chrétiennes. Les Kafka déménagent, sa fenêtre donne maintenant sur le vieux cimetière juif de Prague. Il écrit Verdict, publie «Soutier», début du futur roman Amérique. Contemplation, ouvrage dédié à Félicée Bauwer qu'il a rencontrée chez Max Brod. C'est le début d'une liaison tumultueuse, faite de séparations et de réconciliations.

En 1914, ses fiançailles avec Félicitée à Berlin en mai sont rompues la même année, lorsque la première guerre mondiale éclate à laquelle, somme toute, il resta indifférent. À l'invitation de sa soeur Ottla, il prend chambre chez elle et y commence son Procès. En 1917, atteint de la tuberculose, il renonce une seconde fois au mariage avec Félicée. En 1919, Kafka publie À la colonie pénitentiaire, Un médecin de campagne et Lettre au père. En 1920, Milena Jesenskà, journaliste tchèque, lui demande l'autorisation de traduire «Soutier» (Chauffeur). Kafka a 36 ans et Milena, 23 ans, est patriote tchèque, socialiste et est l'égérie des milieux littéraires de Vienne. Ces relations se transformèrent en une liaison passionnée dont des lettres permettent de suivre le progrès. Cette passion ne dura que quelques mois à peine. Les lettres racontent d'un bout à l'autre ce roman d'amour, orgie de désespoir et de félicité, de mortification et d'humiliation. Car quelle ait pu être la fréquence de leurs rencontres, leurs amours restent essentiellement épistolaires comme celles de Werther ou de Kierkegaard. Milena est morte, vingt ans après Kafka, dans le camp de concentration de Ravensbrück, le 17 mai 1944 (Franz Kafka, Lettres à Milena, traduction d'Alexandre Vialatte, Paris, Gallimard, «L'Imaginaire correspondance - Mémoires»,1952; Margarete Buber-Neumann, Milena, Paris, Seuil, « Fiction & Cie », 1986; Milena, un film franco-germano-canadien réalisé par Véra Belmont en 1991)

Cependant, la maladie progresse, les congés de Franz sont de plus en plus fréquents et de plus en plus longs. Il va vivre chez sa soeur Ottla, à la campagne où il écrit son dernier roman, Le château. En juillet 1923, lors d'un séjour à Müritz sur la mer baltique, Kafka rencontre Dora Dymant, une jeune fille de 20 ans et d'éducation hassidique. Kafka voyage avec elle et s'installe avec elle à Berlin. Elle sera près de lui jusqu'à sa mort. Le 10 avril 1924, Kafka est transporté au sanatorium Wiener Wald, la clinique du professeur Hajek à Vienne, et puis au sanatorium de Kierling près de Vienne où il meurt le 3 juin 1924.

La biographie ci-dessus est inspirée par
Morhach < http://membres.multimania.fr/morlhach/kafka.htm> et
Marthe Robert, «Vie et oeuvres de Kafka» dans Franz Kafka, Journal, Paris, Grasset, «Le Libre de poche- Biblio»,1982, p. 672-674.

La peur de la mort chez Franz Kafka


L'homme est un être fragile et faible, emprisonné dans son existence banale et absurde. Un être de finitude et de néant:
«Kafka parlera principalement de la peur de la douleur, physique au début, mentale par après. Il exprimera aussi une haine grandissante pour les systèmes hiérarchisés (que ce soit la famille, l'administration ou l'armée). La peur de la mort grandira au fur et à mesure que Kafka vieillira. L'homme dans les oeuvres de Kafka est insignifiant, il n'est rien; à tel point que Kafka ne prend pas toujours la peine de leur donner un nom (le voyageur, la Loi, Samsa // Kafka. Il est très pessimiste pour l'homme, qu'il croit peureux et incapable d'initiative, sauf sur un coup de folie*. Il croit que l'homme est emprisonné dans le système créé par ses ancêtres au cours des siècles. L'homme pour lui n'a pour seul but que de poursuivre sa routine, tout autre changement lui fait peur. Le héros n'a aucun intérêt en soi, le héros n'est qu'un prétexte. Le réel intérêt provient de la situation dans laquelle le héros se trouve projeté.» (Morhach)
http://membres.multimania.fr/morlhach/kafka.htm

La Métamorphose

Nouvelle écrite par Kafka en 1912, alors que l'auteur, un simple fonctionnaire de Prague, était âgé de 29 ans. Ce récit, probablement le plus connu de Kafka, est également le plus énigmatique. Sur une centaine de pages, l'auteur nous fait la narration de la nouvelle vie de Grégoire Samsa, simple représentant de commerce qui s'est éveillé un beau matin «transformé en une véritable vermine». C'est à dire que Samsa est devenu un insecte humain. Etant la seule source de revenus ou presque de sa famille (ses 2 parents et sa soeur), il va devoir faire face aux difficultés que crée sa nouvelle situation, dont bien entendu l'impossibilité de toute vie sociale... et familiale.

Sous ses apparences fantastiques, cette nouvelle n'est donc en fait qu'une allégorie, que le lecteur peut interpréter comme il veut. Le handicap. La solitude. La routine. La culpabilité. La famille disloquée. L'insociabilité... Autant de significations potentielles à la métamorphose de Grégoire... Quoique l'on en retienne, tout s'inscrit dans la vision kafkaïenne de la vie.
(Walter Paisley)
http://bd-livres.psychovision.net/punbb/viewtopic.php?id=16


Le Procès

«Le roman de Kafka a suscité nombre de réflexions sur le thème de l'absurde. En effet, l'univers angoissant du roman, la situation paradoxale de Joseph K, innocent mais arrêté, sa mort, attendue mais inexpliquée, donnent une vision du monde et de la vie qui se rapprochent de celle d'Albert Camus* et Meursault, le personnage principal de L'Étranger, n'est pas sans rappeler, par certaines de ses attitudes et des situations dans lesquelles il se trouve, Joseph K. Loin de prétendre résoudre la question de l'absurde dans le roman, il nous semble intéressant de nous interroger sur cette lecture possible.»

«On connaît l'histoire de ce fou qui pêchait dans une baignoire ; un médecin qui avait ses idées sur les traitements psychiatriques lui demandait : " si ça mordait" se vit répondre avec rigueur :" mais non imbécile, puisque c'est une baignoire." [...] l'effet absurde est lié à un excès de logique. Le monde de Kafka est à la vérité un univers indicible où
l'homme se donne le luxe torturant de pêcher dans une baignoire, sachant qu'il n'en sortira rien.» ( Albert Camus)

Texte intégral
Élisabeth Kennel, « Le Procès : un roman de l'absurde ? »
http://elisabeth.kennel.perso.neuf.fr/le_proces.htm

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-12

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