L'Encyclopédie sur la mort


Hofmannsthal Hugo von

Von hofmannsthal hugoHugo von Hofmannsthal (1874-1929), né à Vienne (Autriche), d'origine juive, poète romancier, essayiste, dramaturge et librettiste de Richard Strauss, compte parmi les figures majeures de la littérature autrichienne du début du XX° siècle. Andreas, La Lettre de Lord Chandos, Le Livre des amis et la Femme sans ombre, reflètent les enjeux décisifs de notre modernité. Hofmannsthal est mort à Rodaun dans la proche banlieue de Vienne le 15 juillet 1929 le jour de
l'enterrement de son fils qui venait de se suicider.

OEUVRES [Commentaires]

L’œuvre en langue originale comporte plus de cent vingt ouvrages disponibles. Les Éditions Verdier vous proposent quelques sites allemands qui vous aideront à constituer une bibliographie et une bibliographie critique de Hugo von Hofmannsthal exhaustives ou presque. On y trouvera la bibliographie des traductions françaises ainsi que des résumés, des extraits et des commentaires de ces oeuvres.

< http://www.editions-verdier.fr/v3/auteur-vonhofmannsthal.html>

La mort du Titien (Der Tod des Tizian)

À dix-huit ans il écrit : La mort du Titien. Il chante la douce intoxication de la mort et du déclin, la fascination éclatante du moment et le caractère éphémère de toute aspiration et tout accomplissement (traduit de l'Encyclopedia of Literature, Volume 1 par Joseph T. Shipley).


Le fou et la mort, 1893 (Der Tor und der Tod)

«... les Grecs appelaient très intelligemment le destin: Tyche, ce qui nous est échu par hasard». L’imprévisible est donc ce qui guette le personnage. Ceci nous ramène à une citation souvent faite lorsqu’on touche au mystérieux chez Hofmannsthal, et qui est tiré de Le Fou et la Mort , écrit à dix-neuf ans: « C’est le hasard qui donne tout: l’heure, le vent, la vague. » Bref, ce qui bouge et ne se laisse saisir contiendrait une vérité existentielle. Oui, il doit y avoir un article à écrire sur ce qui associe le virevoltant hasard aux rigueurs du destin.

Mais qu’est exactement le personnage chez Hofmannsthal, et qu’est-ce qui le meut ? » [...] "Il ne peut s’empêcher d’appartenir, pour des raisons secrètes, aux choses qui l’entourent, plus qu’il ne s’appartient à lui-même." C’est ce que pense Marcel Brion dans son essai sur le Voyage initiatique. Quant aux "raisons secrètes", elles nous resteront dissimulées comme le sont à nos propres yeux la cause de nos affinités et de nos goûts. Mais dans ce qui nous éloigne du Haut, de notre délivrance et purification, il y a l’action des objets.

Une grande place leur est concédée, nous dit Marcel Brion*, car leurs "fonctions sont multiples […], mais la plus importante est celle de conducteur de la destinée. Comme si les choses préexistaient aux hommes et étaient détentrices d’une connaissance surnaturelle que ceux-ci sont incapables d’atteindre, les objets constituant par leurs relations entre eux déjà, un système du monde. Leur temps n’est pas celui des hommes et le temps des hommes se modifie au contact du leur"». (Guy Vaes)

Texte intégral: Guy Vaes, «Une descente aux Enfers. À propos de Hugo von Hofmannsthal» [en ligne], Bruxelles, Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, 2007. Disponible sur :

http://www.arllfb.be/ebibliotheque/communications/vaes140407.pdf

Le chevalier à la rose (Der Rosenkavalier)

Opéra en 3 actes. Livret de Hugo von Hofmannsthal. Créé le 26 janvier 1911 au Hofoper - Dresde (Allemagne)

«... la grandeur de la maréchale est inséparable de la mélancolie*, mélancolie qu’elle exprime dès le premier acte ( dans son air Da geht Er hin) et qui ne la quittera plus lors de ses interventions suivantes : la nostalgie de la maréchale, c’est la conscience de la fuite du temps, si bien concrétisée par la certitude qu’Octavian la délaissera bientôt. Mélancolie et nostalgie accompagnent - dans le texte et dans la musique- la peinture de l’amour, qui oscille entre renoncement et engagement : renoncement de la maréchale à son jeune amant, engagement de Sophie envers le Rosenkavalier, deux thèmes dont l’expression est la plus aboutie lors du trio de l’acte III, alors que la maréchale renonce à Octavian et devient la figure tutélaire des deux jeunes gens qui chantent la naissance de leur amour. »

« Loin des falbalas, dans une lumière froide et un peu crue, les personnages y gagnent en intensité, les richesses du livret d’Hofmannsthal ressortent davantage. On passe sans s’en rendre compte d’une banale intrigue amoureuse à une très subtile réflexion philosophique – quasi métaphysique - sur l’âge et le temps qui passe, sur le renoncement, qui est bien le sens profond de l’œuvre. L'oeuvre du temps est d'effacer certes, mais il métamorphose aussi. A chacun d'accepter chaque étape de ce changement perpétuel. »


Le Lien d’ombre

[Poésie], Verdier, 2006
Avant de devenir le librettiste attitré de Richard Strauss ou l'auteur de la célèbre Lettre de Lord Chandos, Hugo von Hofmannsthal a d'abord été un poète à la trajectoire fulgurante : l'essentiel de son oeuvre poétique a été écrite entre seize et vingt-cinq ans. C'est à ce titre qu'il figure dans toutes les anthologies de la poésie de langue allemande. Ce volume rassemble l'intégralité des poèmes publiés par Hofmannsthal de son vivant, complétés par l'essentiel de ses poèmes posthumes, et rend ainsi justice à l'une des oeuvres majeures de la culture viennoise du tournant du siècle dernier.

Les mots ne sont pas de ce monde

[Correspondance], Rivages, 2005
En août 1892, Hofmannstahl a dix-huit ans. Il fait la rencontre d'Edgar Karg. C'est le début d'une amitié, mais aussi et surtout d'une correspondance qui dure jusqu'à la mort de Karg en 1905. Cette correspondance est inévitable puisque Karg se destine à devenir officier de marine, et que quelques mois après leur première rencontre, il embarque pour un long voyage sur un navire de la flotte autrichienne pour les Indes. Karg reconnaît sans mal la supériorité intellectuelle de son ami, et accepte qu'Hofmannsthal le conseille sur ses lectures. Le jeune auteur autrichien sert en réalité de guide à son ami.
La maison d'édition a choisi de ne donner que les premières années de cette correspondance (jusqu'en 1895) car cette première période correspond à la phase la plus riche. Ensuite, pour des raisons familiales et personnelles, le ton devient moins intime.

Electra
Drame lyrique que Hugo von Hofmannsthal conçoit à l'aube du XXe siècle et qui servira ensuite de matériau premier à la collaboration avec Richard Strauss est un joyau de violence brute, noire et sans aucun doute l'une des réécritures les plus toniques et décapantes des mythes anciens...

PROFIL DE L'AUTEUR

Stefan Zweig* consacre quelques pages à la figure de son concitoyen de Vienne et de son compagnon de ce qu'il appelle «L'école au siècle passé». Dans ce texte, nous apprenons à mieux saisir l'âme du jeune poète Hofmannstal à travers sa personnalité et ses premières oeuvres:

«L'apparition du jeune Hofmannstal était et reste mémorable comme un des grands miracles d'accomplissement précoce; à l'exception de Keats et de Rimbaud*, je ne connais dans la littérature mondiale aucun exemple, chez un poète aussi jeune, d'une infaillibilité dans la maîtrise de la langue, d'une envergure dans l'essor vers le monde des idées, d'une plénitude de la substance poétique jusque dans la moindre ligne de circonstance comme celles de génie grandiose qui, dès ses seizième et dix-septième années, s'est inscrit dans les annales éternelles de la littérature allemande avec des vers et une prose qui, aujourd'hui encore, reste insurpassée. Ses débuts soudains, en même temps que sa perfection atteinte d'emblée, constituaient un phénomène qui ne se reproduit guère une seconde fois au cours d'une génération.

[...]

Hofmannsthal parut dans sa culotte courte, un peu nerveux et contraint, et il se mit à lire. «Au bout de quelques minutes, me racontait Schnitzler, nous dressâmes l'oreille et échangeâmes des regards étonnés, presque effrayés. Des vers d'une telle perfection, d'une plasticité si accomplie, d'un sentiment si musical, nous n'en avions jamais entendu d'aucun poète vivant - c'est à peine, même, si nous les avions jugés possibles depuis Goethe*. Et plus merveilleuse encore que cette maîtrise unique de la forme - qui, depuis, n'a jamais été atteinte par un écrivain de langue allemande - était cette connaissance du monde qui ne pouvait procéder que d'une intuition magique chez ce garçon qui passait ses journées sur les bancs de l'école.»

[...]

Celui qui débutait ainsi à seize ans - ou plus exactement qui ne débutait pas, mais était d'ores et déjà accompli - ne pouvait que devenir un frère de Goethe* et de Shakespeare*. Et en effet, cette perfection semblait s'affirmer de plus en plus: à cette première pièce en vers, Hier, succédèrent le fragment grandiose de La mort du Titien, dans lequel la langue allemande atteignait aux plus belles sonorités de l'italien, puis les Poésies dont chacune était pour nous un événement et dont aujourd'hui encore, après des décennies, je connais tous les vers par coeur, puis les petits drames et enfin ces Essais qui, dans l'espace merveilleusement limité de quelques douzaines de pages, condensaient magiquement richesse du savoir, intelligence infaillible de l'art et ampleur des vues sur l'univers: tout ce qu'écrivait ce lycéen, cet étudiant de l'Université, était comme un cristal éclairé du dedans, sombre et ardent tout à la fois.»

Source

(S. Zweig,Le Monde d'hier. Souvenirs d'un Européen, traduction de Serge Niémetz, Paris, Belfond, «Le Livre de poche», 2000, p. 66-68)

Références électroniques

Patrick Bergeron, « La marche à la mort : Vienne et Prague crépusculaires chez Hofmannsthal et Leppin », Germanica [En ligne], 43 | 2008, mis en ligne le 01 décembre 2010, Consulté le 26 septembre 2010.
URL : http://germanica.revues.org/551

Patrick Bergeron, «Vieillesse féconde et vie triomphante dans La Mort du Titien (1892) de Hugo Von Hofmannsthal» dans Marie-Christine Paillard, dir., Admirable tremblement du temps: Le vieillir et créer, Clermont-Ferrand, Presses de l'université Blaise Pascal, 2008.

ET

Claude Foucart, «La mort du Titien : Hugo von Hofmannsthal, "l'écriture magique des images"» dans Écrire la peinture entre XVIIIe et XIXe siècles, études réunies et présentées Par Pascale Auraix-Jonchière, Clermont-Ferrand, Presses de l'université Blaise Pascal, «Révolutions et Romantismes», 2003.
<http://books.google.ca/books?>


Jacques Dufresne, «Paysages d'objets»
«Au commencement, les objets eux-mêmes avaient une âme. À la fin, les personnes sont réduites à l'état d'objets sans âme. Je ne veux pas défendre cette thèse systématiquement, encore moins l'ériger en philosophie de l'histoire. Je veux seulement en faire la métaphore centrale d'une série de propos où je montrerai l'importance des objets dans la quête du bonheur et de la perfection.»

http://agora.qc.ca/Documents/Objet--Paysages_dobjets__Paysages_dobjets_par_Jacques_Dufresne

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Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-18

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