L'Encyclopédie sur la mort


Héroïsme

Forme de mort altruiste* par laquelle une personne donne sa vie pour le bien d’autrui, de la patrie et de la collectivité, le suicide héroïque est proclamé acte vertueux. Cette attribution est faite non pas selon des critères proprement éthiques, mais pour des raisons idéologiques ou politiques. On observe une contradiction flagrante dans l’opinion publique, soutenue ou créée par les médias*, entre l’approbation accordée au suicide des « grands » et la dépréciation du suicide des gens «ordinaires», qui se tuent «égoïstement» parce qu’ils souffrent. La glorification du suicide héroïque est présente dans la littérature classique ancienne et moderne ainsi que dans la tradition japonaise. Elle est entretenue par les philosophes, par exemple, dans le jugement favorable que la plupart d’entre eux portent sur le suicide de Caton*. Selon Ruth Menahem, cette perspective mythologique et élitiste du suicide est injuste et « ne peut que reposer sur des arguments irrationnels. Seuls les “grands” ont le droit d’aller explorer ces lieux interdits, les hommes, les simples mortels n’ont pas le droit de s’aventurer du côté de la mort » (La mort apprivoisée, Paris, Éditions universitaires, 1973, p. 111). Autre preuve de l’inégalité des hommes devant la mort.

Marie-Christine Bellosta, Céline ou l'art de la contradiction. Lecture de Voyage au bout de la nuit, Paris, CNRS Éditions, 2011, p. 119):

Selon Freud*, « il nous est absolument impossible de nous représenter notre propre mort », « dans son inconscient chacun est persuadé de sa propre immortalité » (Essais de psychanalyse, p. 253-254), ce qui amène Freud* à expliquer l'héroïsme* [...], non par un sacrifice* à « de biens abstraits et universels plus précieux que la vie », mais par une occultation de la mort par l'inconscient, par un mouvement « instinctif et impulsif », où l'on « affronte le danger sans penser à ce qui peut en résulter » (Ibid., p. 263). Telle est bien l'interprétation que bardamu donne de la « bravoure stupéfiante » de son colonel: « il n'imaginait pas son trépas » (Céline, Voyage au bout de la nuit, RomanI, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade, 1981, p. 13)

À consulter

Jean-Philippe Costes
« Le crépuscule des héros - Sur les sentiers tragiques de la Gloire avec Raoul Walsh »

http://agora.qc.ca/Documents/Raoul_Walsh--Le_crepuscule_des_heros_-_
Sur_les_sentiers_tragiques_de_la_Gloire_avec_Raoul_Walsh_
par_Jean-Philippe_Costes

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-18

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