L'Encyclopédie sur la mort


Haïti (suicide)

Le suicide est un fait social extrêmement rare en Haïti. Dans les années 1960, l’office haïtien de statistiques révéla que le nombre des suicides variait entre deux et trois par an, mais qu’il était impossible d’en établir le taux exact en raison de la trop grande sporadicité de ce phénomène dans le pays. Selon Emerson Douyon, «la quasi-absence de suicides en Haïti relève autant de facteurs socio-économiques, tels que l’intégration de la structure familiale, la forme de vie communautaire, que d’éléments plus proprement psychologiques, tels que l’accoutumance à la misère, une philosophie fataliste de l’existence si bien illustrée par les proverbes haïtiens et le recours continuel aux loâs du Vaudou comme source de stimulation et de réconfort.» Durant les cérémonies du vaudou, les sacrifices d’animaux consacrés font couler un flot de sang dont l’assistance se sert pour se désaltérer, se croix-signer, se frictionner ou pour procéder à des libations. Le meurtre de soi-même ou de ses ennemis est mimé sous la forme d’un psychodrame au réalisme poignant. Une crise de possession se déroule comme la figuration d’une mort symbolique. De l’ensemble de ces rites, «on comprend que le Vaudou exprime le désespoir du Haïtien qui y trouve un exutoire pour son agressivité refoulée et sa dépression* potentielle. Dès lors il est aussi permis de croire que ce système magicoreligieux masque une forme de déviance psychoculturelle, compense la rareté de suicide et d’homicide en Haïti, ou joue indirectement un rôle réducteur de la délinquance et de la criminalité dans ce pays» (La transe vaudouesque. Un syndrome de déviance psychoculturelle, thèse, université de Montréal, «Acta criminologica», 1969).

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-18