L'Encyclopédie sur la mort


Donne John

Donne, JohnNé dans un milieu catholique, il a connu une jeunesse à la fois studieuse et agitée. Ses premiers poèmes donnent libre cours à sa désinvolture contre les puissants et à l’érotisme (Poèmes, Paris, Gallimard, 1991; Poésies, Paris, Imprimerie nationale, 1993). La première publication de son Biothanatos (Paris, PUF, 2001) date de 1607. En 1615, après sa conversion à l’anglicanisme, il est nommé doyen de la cathédrale Saint Paul, où il sera inhumé. Suite à une attaque de typhus en 1623, il écrit Méditations en temps de crise, où il se livre à une description minutieuse des symptômes de sa maladie (Paris, Payot & Rivages, «Petite Bibliothèque», 2001). Il y fait un rappel constant de la dégradation de la matière, mais toujours en relation avec une réflexion éthique* sur la variabilité de la destinée humaine. C’est pour ces raisons qu’on l’appelle le «Pascal anglais». Aux yeux de Virginia Woolf*, Donne surpasse la majeure partie des écrivains anglais. Il exerce son emprise sur nous en condensant en quelques mots l’essence de sa pensée fort nuancée, qui «se sépare en étranges contraires».

Biothanatos est un essai sur le suicide ayant pour sous-titre: Que l’homicide de soi-même n’est pas si naturellement un péché qu’il ne puisse jamais en être autrement. Ce traité défend l’idée que «l’autonomie* humaine est assez grande pour […] laisser le libre choix entre la vie et la mort» (G. Minois, Histoire du suicide, p. 118). La mort volontaire est justifiée dans certaines circonstances. Le livre comprend trois parties: le suicide est-il contraire à la loi de la nature? contraire à la loi de la raison? contraire à la loi de Dieu?

Le suicide n’est pas contraire à la loi de la nature, sinon il faudrait condamner toutes les pratiques de mortification par lesquelles les humains cherchent à maîtriser leur corps. La nature de l’homme, c’est la raison, qui peut lui indiquer si le suicide peut être bon ou mauvais dans une situation particulière. Le suicide n’est pas contraire à l’inclination naturelle, car c’est un phénomène universel que l’on rencontre dans tous les lieux et à toutes les époques. Le suicide n’est pas contraire à la loi de la raison, la raison guide les lois. Or, celles de la Rome antique ne condamnent pas le suicide. Thomas d’Aquin* prétend que le suicide est un péché contre la société, parce qu’il la prive d’un membre utile. Mais un émigré qui quitte son pays ou un général qui se fait moine fait de même. Nous pouvons renoncer à la vie pour un bien supérieur. De nombreux homicides sont commis à la guerre* et dans les exécutions capitales. Le suicide n’est pas contraire à la loi de Dieu, car il n’est pas condamné par la Bible*. La mort de Samson et du Christ ainsi que le martyre* sont des morts volontaires. «Le raisonnement de John Donne n’est pas sans faiblesse: pesant et fastidieux, il abuse du syllogisme et de l’analogie. Il a cependant une force indéniable» (G. Minois, Histoire du suicide, p. 117).

«Chaque fois qu'une affliction m'assaille, je me dis que je tiens dans la main la clé de ma prison, et aucun remède ne se présente plus vite à mon coeur que me propre épée» (vers cités dans Biathanatos, p. 37)

 

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Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-18

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