L'Encyclopédie sur la mort


Boccaccio Giovanni

Boccace JeanJean Boccace, admirateur de Dante* et ami de Pétrarque*, étudiant le droit canonique à Naples, s'intègre à la cour de Robert de Naples. À Florence en 1348, Boccace assiste au ravage que la peste provoque dans toute l'Europe. C'est cette pandémie, qu'il évoque dans le Décaméron, son chef-d'œuvre, et qui bouleverse radicalement les lieux et les pratiques funéraires :

« C'était alors l'usage que dames, parentes ou voisines, s'assemblassent dans la maison du mort pour y pleurer avec celles qui appartenaient directement à sa famille [...] et ses pairs, avec toute une pompe de cierges et de chants funèbres, le portaient sur leurs épaules jusqu'à l'église choisie par lui avant de mourir. Ces usages, après que la fureur de la peste eut commencé de croître, cessèrent en totalité ou en grande partie et des usages nouveaux les remplacèrent. Car non seulement les gens mouraient sans une nombreuse assistance féminine, mais beaucoup d'entre eux quittaient cette vie sans témoins. » (G. Boccaccio, Décaméron, éd. de Ch. Bec, Paris, Livre de Poche, 1994, p. 42-43)

Entre 1365 et 1366, Boccace rédige le Corbaccio (Le Corbeau ou La Corbeille),œuvre qui reprend la tradition de la satire misogyne, de façon moraliste. C'est le dernier ouvrage qu'il rédige en toscan. « Le lecteur qui, du Décaméron se rappelle les allocutions directes du narrateur principal aux "très chères dames" et "aux nobles jeunes filles", mais aussi les «témoignages de magnanimité et d'intelligence féminines dans l'action ou la patience», se rend compte de la différence d'attitude à l'égard de la femme dans cette oeuvre noble par rapport à celle que l'on découvre dans Le Corbeau. Ce n'est pourtant pas l'intention de la part d' «un auteur désormais âgé, de tirer vengeance d'une femme anonyme qui aurait été la cause d'une grave déception amoureuse» qui serait à l'origine du Corbeau. Guido Baldassarri présente plutôt les deux oeuvres comme complémentaires: «une célébration de l'amour sous les deux espèces de l'éloge et du blâme. » (Boccace, Corbaccio, Corbeau de malheur, Édition bilingue, texte établi par Giorgio Padoan, traduction de l'italien par Pauline Pionchon, « Introduction », Paris, Les Belles Lettres, 2010, p. X-XLVII)

En latin, il compose divers traités, des biographies, des églogues et des épîtres. À Dante, il consacre un Trattatello in laude di Dante et des Esposizioni sopra la Commedia di Dante. Sa prose étant généralement mal reçue par ses contemporains, il se retire dans le domaine paternel à Certaldo où il décède en 1375 dans la misère.

Frédéric Duval dans Lectures françaises de la fin du Moyen-Âge. Petite anthologie commentée de succès littéraires, (Droz, 2007, p. 409-410) consacre quelques commentaires à Griselda, la dernière nouvelle du Decameron. C'est «l'histoire d'une jeune femme pauvre dont le mari, le riche marquis de Saluces, éprouve l'amour et la fidélité. L'héroïne surmonte toutes les épreuves et force l'admiration de son mari. Quoique l'on puisse dire de la constance de Griselda, Boccace ne se départit pas dans cette nouvelle de son ironie et de son mordant habituels. [...] En 1373, Pétrarque traduisit la nouvelle d'italien en latin en en modifiant sensiblement l'esprit. Le vieil humaniste s'attacha surtout à exalter les hautes vertus morales de la marquise de Saluces qui devint le modèle de l'épouse chrétienne.» (p. 409)

Cette présentation sadique du modèle de la femme soumise aux épreuves du mâle ainsi que de Dieu est construite sur une conception sacrificielle de l'amour et de la religion: sacrifice* et mortification, soumission et abnégation composent le modèle idéal de la femme* et de toute âme chrétienne.

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-09