L'Encyclopédie sur la mort


Suicides des jeunes en Tunisie (2010-2011): nouveau rituel de la contestation

Le suicide par le feu, nouveau rituel de la contestation! Sur fond de crise économique et sociale qui secoue la Tunisie à cause du haut taux de chômage surtout parmi les jeunes dont l'avenir semble barré, un phénomène inquiétant se produit: le suicide de jeunes à caractère politique. À son tour, ces gestes hautement symboliques deviennent une incitation à la protestation et à la révolte, mâtées par la violence policière. La situation est devenue telle que la dictature est contraint d'intervenir afin de calmer le jeu par diverses promesses.


Mohamed Bouazizi est un vendeur de fruits et légumes ambulant âgé de 26 ans et vivant à Sidi Bouzid, ville moyenne de 40 000 habitants, à vocation agricole au taux de chômage élevé, située dans le centre-ouest du pays à 265 km deTunis. Fils d'ouvrier agricole, il avait quitté le lycée à la mort de son père pour faire vivre sa famille, son activité de vendeur constituant leur seul revenu. Ne possédant pas d'autorisation officielle, il se fait confisquer sa marchandise à plusieurs reprises par les employés municipaux. Essayant de plaider sa cause, d'obtenir une autorisation et la restitution de son stock auprès de la municipalité et du gouvernement, il s'y fait insulter et chasser. Le 17 décembre 2010, il s'asperge d'essence et s'immole par le feu devant le siège du gouvernement. Le 5 janvier 2011, il meurt au Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous.

Ce premier incident a provoqué des protestations qui ont dégénéré samedi dernier en affrontements entre la police et des habitants en colère : ceux-ci ont mis le feu à des pneumatiques et scandé des slogans pour réclamer le droit de travailler, en soutien au jeune commerçant.

Un autre jeune Tunisien s'est suicidé mercredi soir le 22 décembre 2010 par électrocution à Sidi Bouzid. Houcine Neji, 24 ans, a escaladé un poteau électrique en criant qu'il ne voulait «plus de misère, plus de chômage», avant de s'électrocuter au contact de câbles de haute tension.

Dimanche, le 26 décembre 2010, Lotfi Guadri, 34 ans, un universitaire en chômage, s'est jeté dans un puits dans la zone de Gdéra à cinq km de Sidi Bouzid. La victime souffrait de problèmes psychiques, la raison pour laquelle il avait interrompu ses études depuis quelques années. Lotfi devrait commencer à travailler début janvier. Les motifs de son suicide restent à être établis avec certitude.

Lundi soir, le 9 janvier 2011, Allaa Hidouri, 23 ans, diplômé de l'université et sans emploi, a grimpé sur un pylône électrique pour se donner la mort en s'accrochant aux câbles à haute tension. Originaire du village d'El Omrane, près de Sidi Bouzid, Allaa Hidouri avait été blessé par balle à la jambe dans les affrontements qui ont fait un mort et plusieurs blessés le 24 décembre à Menzel Bouazaine.

Cependant, la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) a comptabilise 35 victimes dans tout le pays et une source syndicale a estimé qu'il y a eu au moins 50 morts depuis samedi dans la seule ville de Kasserine.

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suicide par le feu
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Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-20