L'Encyclopédie sur la mort


Sisyphe

SisypheApollodore, I, 9, 2-6

3. Sisyphe, fils d'Éole, fonda la cité d'Éphyre - celle qui aujourd'hui s'appelle Corinthe - et il épousa Méropé, la fille d'Atlas. De leur union naquit Glaucos qui, à son tour, de son épouse Eurymède, eut Bellérophon, celui qui tua la Chimère cracheuse de feu. Sisyphe expie ses fautes dans l'Hadès : sa peine consiste à faire rouler une pierre énorme, en la poussant vers le haut avec les mains et la tête, pour la faire ensuite descendre de l'autre côté ; mais une fois qu'il a réussi à pousser le rocher, celui-ci ensuite roule toujours en arrière. C'est la peine que Sisyphe doit purger à cause d'Égine, la fille d'Asopos : quand Zeus enleva en cachette la jeune fille, de fait, on dit que Sisyphe alla le rapporter à Asopos qui la cherchait.

Le fleuve Asopos était le fils d'Océan et de Téthys, ou bien, comme le dit Acousilaos, de Péro et de Poséidon, ou bien encore de Zeus et d'Eurynomé. Métopé, la fille du fleuve Ladon, l'épousa et lui donna deux fils, Isménos et Pélasgon, et vingt filles, dont l'une, Égine, fut enlevée par Zeus. Recherchant sa fille, Asopos arriva à Corinthe, où il sut, de Sisyphe, que le ravisseur était Zeus. Asopos le suivit alors, mais Zeus lui envoya sa foudre et le fit retourner dans son cours habituel - c'est pourquoi depuis ce jour le courant de l'Asopos charrie du charbon. Égine fut amenée dans l'île qui se nommait alors Oenone, et qu'on appelle aujourd'hui du nom de la jeune fille ; Zeus s'unit à elle, et engendra un fils, Éaque.

Et je vis Sisyphos subissant de grandes douleurs et poussant un immense rocher avec ses deux mains. Et il s'efforçait, poussant ce rocher des mains et des pieds jusqu'au faîte d'une montagne. Et quand il était près d'atteindre ce faîte, alors la force lui manquait, et l'immense rocher roulait jusqu'au bas. Et il recommençait de nouveau, et la sueur coulait de ses membres, et la poussière s'élevait au-dessus de sa tête.

http://ugo.bratelli.free.fr/Apollodore/DetailsLivres.htm

L'Odyssée d'Homère (traduction de Leconte de Lisle, 1818-1894), Chant 11 :

Ceux même qui ont lu les ouvrages d'Eumélus chercheraient bien inutilement les tombeaux de Sisyphe et de Nélée. Ils y sont cependant; car Nélée étant venu, dit-on, à Corinthe, y mourut de maladie et fut enterré dans l'Isthme; mais Sisyphe ne voulut pas même montrer son tombeau à Nestor, parce qu'il fallait qu'il restât absolument inconnu. Sisyphe est aussi enterré dans l'Isthme; mais même parmi les Corinthiens de son temps, il y en avait très peu qui sussent où était son tombeau.

Discours prononcé par Sisyphe dans une tragédie du même nom (extrait du Sisyphe de Critias) :


« Il fut un temps où la vie des hommes était sans règle, comme celle des bêtes et au service de la force, où les hommes honnêtes n'avaient nulle récompense, ni les méchants, non plus, de punition. Je pense que c'est plus tard que les hommes établirent des lois punitives pour que la justice fût reine sur le genre humain et qu'elle maintînt les débordements en esclavage : on était châtié chaque fois qu'on commettait une faute. Plus tard, encore, comme les lois empêchaient les hommes de mettre de la violence dans les actes commis ouvertement, mais qu'ils en commettaient en cachette, c'est alors, je pense, que, pour la première fois, un homme avisé et de sage intention inventa pour les mortels la crainte de dieux, en sorte qu'il y eût quelque chose à redouter pour les méchants, même s'ils cachent leurs actes, leurs paroles ou leurs pensées. Voilà donc pourquoi il introduisit l'idée de divinité, au sens qu'il existe un être supérieur qui jouit d'une vie éternelle, qui entend et voit en esprit, qui comprend et surveille ces choses, qui est doté d'une nature divine : ainsi, il entendra tout ce qui se dit chez les mortels et sera capable de voir tout ce qui se fait. Si tu médites en secret quelque forfait, celui-ci n'échappera pas aux dieux, car il y a en eux la capacité de le comprendre. »

http://fr.wikipedia.org/wiki/Critias

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-10