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En enseignement à distance, malgré la richesse de la toile, on fait face en Afrique à un manque de contenus adaptés aux besoins locaux.

Extraits de livres
Variations sur l'influence culturelle américaine
Florian Sauvageau
Les Presses de l'Université Laval



Dans les études sur l'influence des médias américains, on distingue en général le contenu d'un côté et de l'autre le type de propriété des médias (public ou privé) et le type de gestion (service public ou commerce.) Jean-Guy Lacroix nous montre ici comment comment au Canada gestion à l'américaine de médias appartenant à des Canadiens a eu pour conséquence une américanisation des contenus et donc un échec des visées politiques du Canada.

Dossier
Joual
DéfinitionAperçus

Titulaire : Hélène Laberge



Définition
Le mot joual résume à lui seul l'histoire récente, parfois douloureuse, du rapport des Québécois avec leur propre langue.

Dans les pays francophones hors d'Europe, la qualité de la langue française est une question qu'une certaine élite se pose à elle-même. Au Québec, elle est un défi que l'élite lance à l'ensemble de la population.

Il y a toujours eu au Québec une élite qui a parlé le français dit international. En 1960, cette élite était nombreuse et défendait ses droits linguistiques avec énergie, comme en font foi, entre autres, les manifestations des étudiants en faveur de la francisation de l'Université McGill.

C'est cette élite, représentée par un distingué journaliste du Devoir, André Laurendeau, qui provoqua la prise de conscience de la piètre qualité du français parlé par l'ensemble de la population. C'est toutefois Jean-Paul Desbiens, un homme issu du peuple, un fils d'ouvrier, qui porta le coup fatal. Il a tenu à le rappeler lui-même:

«Le 21 octobre 1959, André Laurendeau publiait une Actualité dans Le Devoir, où il qualifiait le parler des écoliers canadiens-français de "parler joual". C'est donc lui, et non pas moi, qui a inventé ce nom. Le nom est d'ailleurs fort bien choisi. Il y a proportion entre la chose et le nom qui la désigne. Le mot est odieux et la chose est odieuse. Le mot joual est une espèce de description ramassée de ce que c'est que le parler joual : parler joual, c'est précisément dire joual au lieu de cheval. »1

Ce paragraphe est tiré d'un livre de Jean-Paul Desbiens, Les insolences du frère untel,dont le succès fut immédiat (il s'en est vendu des centaines de milliers d'exemplaires!) et qui provoqua des débats passionnés, preuve que le rôle du pamphlétaire est de faire éclater les symptômes d'un mal sur le point d'affleurer à la conscience!

À travers Jean-Paul Desbiens et avec lui, c'est donc l'ensemble de la population du Québec qui se proposa un idéal élevé ­et aliénant selon certains­en matière de langue. Les Québécois se trouvent ainsi dans une situation unique. De nombreux linguistes soutiennent que le portugais parlé au Brésil et l'anglais parlé aux États-Unis diffèrent du portugais du Portugal et de l'anglais d'Angleterre, comme le québécois diffère du français de France. Le Brésil et les États-Unis étant plus populeux et plus puissants que le Portugal et l'Angleterre, les habitants de ces deux pays d'Amérique ont pu imposer leur langue au reste du monde.

Pour de nombreux écrivains québécois, le joual devint bientôt une langue nouvelle qu'il fallait défendre avec fierté. Dans un livre dont on trouvera un extrait dans ce dossier, la linguiste Hélène Cajolet-Laganière fait le point sur ce destin imprévu du joual: «De 1963 à 1968, des écrivains groupés autour de la revue Parti pris forment un véritable mouvement littéraire en faisant du joual un mouvement de protestation : "Ils ne veulent plus, comme tant d’autres, se complaire à dénoncer la dégradation linguistique, mais préfèrent se servir de ce langage abâtardi pour dénoncer violemment la dégradation politique, économique et sociale du peuple québécois" (Gauvin, 1974, p. 100). Michel Tremblay parle de son théâtre en ces termes : "Le théâtre que j’écris présentement en est un de «claque sur la gueule», qui vise à provoquer une prise de conscience chez le spectateur" (1969, cité par Gauvin, 1974, p. 84).»

Les Québécois parlent-ils encore joual? Précisons que ce mot dérivait du langage des Anciens Canadiens (Philippe Aubert de Gaspé au XIXe siècle, dans un livre qui porte ce nom, avait déjà noté que les paysans appelaient leur cheval guevalle). Ces paysans ont été remplacés par des agriculteurs dont la plupart ont reçu l'éducation qui leur permet de relever les défis de l'agriculture industrielle... dans un français contemporain!


1-Jean-Paul Desbiens (alias Le frère Untel), Les insolences du frère Untel, Montréal, Éditions de l’Homme, 1960.






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Extraits de livres
La qualité de la langue au Québec
> Importance du phénomène du "joual" dans l'histoire de la langue au Québec
Hélène Cajolet-Laganière
La plupart des linguistes, de leur côté, se sont mis d’accord pour en faire un niveau de langue du français du Québec, car le français parlé et écrit au Québec comporte une véritable hiérarchisation sociolinguistique.