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Questions vives
Le pétrole va rester cher et une catastrophe climatique menace
Paris (AWP International) - Le repli des prix de l'or noir ne devrait pas durer prévient l'Agence internationale de l'Energie (AIE) jeudi, appelant aussi à une "décarbonisation majeure de l'économie" pour éviter des "dégâts catastrophiques et irrémédiables" sur le climat. Dans son rapport annuel de prévisions à long terme, l'AIE table sur une moyenne de 100 dollars le baril pour le prix du pétrole sur la période 2008-2015, en dollars constants de 2007 (c'est-à-dire hors inflation), et prévoit que la très forte volatilité des prix ces derniers mois va se poursuivre sur les deux prochaines années.


Document associé
Un grand défi encyclopédique pour la francophonie

Jacques Dufresne
Présentation

La diversité culturelle est à l'ordre du jour dans la Francophonie. L'obtacle n'est pas l'universalité telle que Senghor la conçoit, c'est une uniformité qui, paradoxalement, a partie liée avec l'éclatement du savoir. Les moteurs de recherche comme Google et les ouvrages de référence comme Wikipedia sont en cause dans ce processus. Pour faire contrepoids à cette tendance très lourde, nous proposons une encyclopédie, fondée sur l'exercide du jugement, qui est aussi un outil de recherche.


Extrait

Et ce qu'il faut viser doit être une oeuvre ayant cohérence et unité, non une juxtaposition de documents appelés à former un ensemble neutre livré à l'auto organisation, comme le Wikipedia de Wales


Texte
Si la francophonie doit demeurer une entité distincte vivante, si elle doit constituer un lieu d'appartenance original à mi-chemin entre les nations et les empires, si les notions fondatrices de civilisation de l'universel et d'humanisme doivent conserver leur sens et leur pertinence, si la francophonie doit assurer la diversité culturelle dans le monde et contribuer au développement durable, si la langue française doit reconquérir le terrain perdu dans les sciences, l'ouverture d'un grand chantier encyclopédique sur Internet s'impose. Et ce qu'il faut viser doit être une oeuvre ayant cohérence et unité, non une juxtaposition de documents appelés à former un ensemble neutre livré à l'auto organisation, comme le Wikipedia de Wales. Les éditeurs de la présente encyclopédie spécialisée sur la francophonie ont jeté en 1998 les bases d'une telle encyclopédie universelle. Leur longue expérience ­ l'Encyclopédie de l'Agora a été lancée quatre ans avant Wikipedia I ­ leur a permis de préciser les fins de leur oeuvre et d'adapter leur méthode à la nature et à la qualité de l'information disponible sur Internet. C'est ainsi qu'ils ont été amenés à créer, autour d'une encyclopédie générale (l'ancienne Encyclopédie de L'Agora ) un réseau d'encyclopédies spécialisées, jouissant d'une large autonomie et pouvant satisfaire aux exigences des publications universitaires. L'Encyclopédie de L'Agora c'est désormais ce nouvel ensemble constitué de l'Encyclopédie générale et du réseau des encyclopédies spécialisés, lesquelles sont organiquement liées à l'Encyclopédie générale.

Il fallait aussi accroître le nombre de collaborateurs sans mettre l'unité de l'oeuvre en péril. À cette fin, l'équipe de l'Agora a mis en place des logiciels qui facilitent la collaboration en ligne et précisé, dans divers documents dont une charte, les grandes oritentations que les collaborateurs, agréés par L'Agora, s'engagent à respecter. «Accueillir toutes les opinions, les loger au niveau qui convient et les composer verticalement.» Cette règle, formulée par la philosophe Simone Weil, résume bien la charte. Le texte qui suit précise l'orientation de l'oeuvre.

L’Encyclopédie de L’Agora
Une encyclopédie au service du sens et du développement durable

Quand au début de notre aventure, en 1998, on nous interrogeait sur la raison d’être de notre encyclopédie, sa nature, son identité, nous répondions et nous répondons toujours : nous voulons créer une oasis de sens, introduire un ordre dans le savoir éclaté d’Internet et du milieu ambiant.

Nous avions aussi le souci du développement durable, même si nous ne songions pas à faire de ce thème l’un des fils conducteurs de l’œuvre. Nous devions bientôt découvrir que cet idéal, devenue nécessité, ne saurait se limiter à des actions ponctuelles pour réduire l’effet de serre ou la pollution de l’air, mais exige, s’il doit être autre chose qu’une espérance creuse, autant de conversions sur le plan personnel que de changements d’attitudes à l’égard de la nature et d’améliorations des procédés industriels. Le développement durable nous apparaissait ainsi comme indissociable de notre recherche du sens.

Quel est donc le rapport entre ce projet politique et les grandes questions associées au sens de la vie, les questions relatives à l’amour, à la justice, à la beauté ? René Dubos, l’un des fondateurs de l’écologie contemporaine, a répondu à cette question. Parmi les moments et les lieux du passé qui peuvent nous servir de modèles dans notre rapport avec la nature, il a identifié l’Arcadie et ce Moyen Âge cistercien dont les restes font encore le charme du paysage européen. L’Arcadie, où se trouve la ville d’Olympie, est un lieu idyllique entouré de mystère que l’on connaît surtout par le tableau de Poussin portant l’inscription Et in Arcadia ego. Du Moyen Âge cistercien, on sait avec certitude que le lien étroit entre le paysage intérieur et le paysage extérieur était au centre de son inspiration : «Cet endroit a beaucoup de charme, il apaise grandement les esprits lassés et soulage les inquiétudes et les soucis; […]. Le visage souriant de la terre y prend des teintes variées, la bourgeonnante verdure du printemps satisfait notre vue, et ses suaves senteurs flattent notre odorat... Et si la beauté de la campagne me charme extérieurement par sa douce influence, je n'en éprouve pas moins des délices intimes, en méditant sur les mystères qu'elle nous cache.»1 C’est ainsi que saint Bernard évoquait le site de Clairvaux où il devait établir un monastère.

Comment ne pas être frappé aujourd’hui par la coïncidence entre la crise du sens et celle du rapport avec la nature, entre les atteintes à la vie intérieure et les atteintes à la vie extérieure ? Et où trouverons-nous la force de sortir de cette double crise, si du paysage redevenu l’objet de notre sollicitude, nous ne tirons pas l’inspiration dont nous aurons besoin pour atteindre les objectifs les plus terre à terre du développement durable ?


Tout dans les modes de vie que nous refusons de modifier – je parle ici en tant que citoyen d’un pays riche – trahit notre conviction d’être, chacun d’entre nous, le centre du monde. Le pétrole à bon marché, utilisé aux fins les plus futiles, est pour nous un droit naturel. Tant que nos sociétés seront ainsi constituées d’atomes rivalisant d’avidité les uns avec les autres, qui donc pourra parvenir à imposer des limites à l’ensemble des interventions humaines sur la nature ? On ne pourrait parvenir à une telle fin qu’au moyen d’une implacable dictature.

Mais cette avidité – dont les effets sur la nature sont catastrophiques – , est d’abord un problème moral. Retrouver le sens de la mesure, la juste place de l’homme dans l’univers et respecter la nature, ce sont là deux impératifs si voisins qu’il faut se réjouir de ce que la crise du sens survienne au même moment que la crise écologique. Pour plusieurs, cette convergence va déjà de soi, ce qui explique pourquoi, de plus en plus, on enseigne dans les écoles des notions comme celle d’empreinte écologique.2 L’enfant qui aura bien compris cette notion ne sera plus tout à fait aussi sûr d’être, par droit naturel, le centre du monde.

Quand on nous demande ce qui distingue notre encyclopédie des autres, de celle de Diderot par exemple, nous répondons : le passage de la science conquérante, – qui ne se souciait guère des conséquences lointaines de ses applications – à une science réparatrice qui doit, pour atteindre ses fins, accorder une plus grande attention à la complexité des phénomènes et à leurs interactions. Ce réenracinement de la science dans une approche globale s’inscrit dans la même convergence de la recherche du sens et du développement durable.

Pour des raisons analogues, nous pensons que certaines conceptions du sport ne sont compatibles ni avec le développement durable ni avec la recherche du sens. Comment en effet peut-on prétendre être à la recherche du sens et partisan du développement durable quand on est complice de l’élimination des sports de plein air au profit des sports en milieu fermé, quand on substitue à la féconde symbiose avec la nature l’ivresse narcissique et sans lendemain du record fracassé, quand, à la poursuite d'un record, on traite son corps comme une simple machine au service d’une volonté, oubliant qu’il est aussi un signe de l’âme et que s’il peut être un levier, il doit demeurer une lyre?

Ce que nous disons ici de certaines conceptions du sport est vrai aussi de certaines conceptions du travail, de l’art, voire de la religion. C’est une vision du monde qui est en cause. À cette vision qui nous a conduits dans l’impasse où nous sommes – parce qu’elle faisait du dépassement des limites dans tous les domaines un but inconditionnel –, nous devons substituer une autre vision centrée sur le sens de la limite. Nous faisons un pas dans cette direction quand nous comprenons que nous avons intérêt à consommer autant que possible des biens produits dans notre région.

On nous demande aussi de préciser ce qui nous distingue de Wikipedia, l’encyclopédie de loin la plus populaire sur Internet. Il semble que les règles du jeu et les principes de cette encyclopédie la condamnent à devenir un monument du savoir éclaté, Tout internaute peut en effet devenir un ouvrier sur ce vaste chantier. Est-ce la meilleure voie à suivre pour contribuer à l’avènement d’une vision du monde cohérente dont nous avons besoin?

L’auto organisation et cette coordination sans hiérarchie qu’on appelle hétérarchie sont des notions à la mode. L’idée que ce serait là le secret des sociétés de fourmis, et que la vie dans son ensemble aurait évolué ainsi, séduit de nombreux savants. L’ordinateur, et plus tard Internet, ont suscité l’espoir que des œuvres humaines puissent voir le jour de cette manière. Et aux États-Unis surtout, la tentation d’étendre la règle de l’égalité à toutes les activités humaines est toujours très forte, comme en fait foi le succès de The Wisdom of Crowds3de James Surowiecky, paru en 2004. Selon cet auteur et ses millions d’admirateurs, le grand nombre est en lui-même plus intelligent que la petite élite ("inherently smarter than the elite few").

Il est théoriquement possible que de patients échanges de vues entre des milliers de collaborateurs égaux puissent faire apparaître un peu d’ordre dans le savoir éclaté. Mais ou bien on aura renoncé progressivement au principe égalitariste en cours de route, ou bien le plus humble consensus atteint par un véritable dialogue pourra être annulé par l’opinion majoritaire; si le dialogue ne parvient pas à faire émerger une élite du grand nombre, le grand nombre finira par imposer le plus petit commun dénominateur.

La sagesse la plus élémentaire commande donc de ne pas faire fond exclusivement sur cette auto organisation… et de continuer à miser sur des principes directeurs et sur des personnes qui en assureront le respect. Dans l’un et l’autre cas, la contribution de nombreux auteurs est nécessaire. Dans le premier cas, ils se désignent eux-mêmes, dans le second on les choisit, ce que nous faisons déjà à L’Encyclopédie de L’Agora.


Notes
1. Cité par René Dubos dans Les dieux de l'écologie, Fayard, coll. Écologie, Paris, 1973.

2. Exprimée en hectares, par année et par personne ou nation, l'empreinte écologique est la portion de la terre vivante nécessaire pour assurer notre subsistance (alimentation, logement, transport) et absorber les déchets que nous produisons.

Le C0
2 produit par notre voiture et notre tondeuse fait partie de ces déchets.
Les calculs étant faits dans le respect des grands principes du développement durable, ils prennent en compte la quantité de matière organique requise pour fixer le carbone que nous rejetons dans l'atmosphère.


Cette portion de terre au Canada est de 4.3 hectares par personne, aux États-Unis 5.1, en Inde 0.4 et de 1.8 en moyenne dans le Monde.

3. L’auteur de The Wisdom of Crowds, James Surowiecki, a beau soutenir que le grand nombre est en lui-même plus intelligent, (inherently smarter) que la petite élite, il a beau pousser à son extrême limite le principe fondateur de la démocratique Amérique, il ne peut rien changer au fait que le chiffre deux (2) dans l’esprit d’un individu, ajouté au chiffre deux (2) dans l’esprit d’un autre ne feront jamais quatre. La pensée collective est une contradiction dans les termes. La synthèse, fût-elle aussi simple que la plus simple des additions, est l’œuvre d’un individu.

Qu’il puisse arriver que la moyenne des valeurs attribuées un objet soit une meilleure approximation de la vérité que l’opinion de quelques experts cela n’a rien d’étonnant. Au début de son livre Surowiecki raconte une histoire qui donne la mesure de la prétendue intelligence collective. Dans une foire agricole de Londres, les passants sont invités à préciser le poids de viande qu'un boeuf exposé sur place, après abattage et dépeçage, serait susceptible de fournir. L’estimation moyenne s’avéra plus juste que celle des experts. Si ce fait prouve une chose, ce ne peut-être que celle-ci : que l’homme ordinaire fait plus souvent son marché que les experts et qu’en conséquence il peut plus facilement estimer, à l’œil, le poids en viande d’un animal.

Au cours de ses études sur le nombre d’or, Gustav Fechner eut l’idée de préciser, pour un grand nombre d’objets de forme rectangulaire : livres, fenêtres, meubles etc, le rapport entre le plus grand côté et le plus petit. Il obtint une courbe en cloche dont le sommet coïncidait avec le nombre d’or : 1.618. Il s’est heureusement abstenu de conclure que la foule était plus douée que Phidias pour l’architecture.

Surowiecki a certes la prudence préciser à la fois les domaines et les conditions dans lesquels la foule peut avoir raison, il admet aussi qu’elle peut avoir tort, mais il ne dissipe jamais totalement le malentendu qu’il crée par son titre et par le climat qui règne dans son livre : un climat tel que les mots intelligence, sagesse, jugement sont constamment associés à des phénomènes de termitière qui n’ont absolument rien à voir avec l’exercice des plus nobles facultés de l’être humain.



Jacques Dufresne, éditeur
Courriel : dufresne@agora.qc.ca
Tél. 819 838-1883
C.P. 96
Ayer’s Cliff, (Québec) J0B 1C0

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