AccueilIndex Articles Questions vives Livres Réseaugraphie Collaborer Guide Écrivez-nous
Notre Francophonie
Acteurs
Culture et éducation
Économie et écologie
Géographie
Grandes questions
Langue
Politique internationale
Sciences et techniques
Société

La Lettre de L'Agora
Abonnez-vous gratuitement à notre bulletin électronique.
>>>
Questions vives
Enseignement à distance
En enseignement à distance, malgré la richesse de la toile, on fait face en Afrique à un manque de contenus adaptés aux besoins locaux.

Document associé
De Gaulle, la langue française et la francophonie

Philippe de Saint Robert
Présentation
Texte à paraître chez Robert Laffont, dans le Dictionnaire du gaullisme, fin 2006.

Extrait
« Or, si l’on considère que le terme « francophonie » s’est très vite institutionnalisé pour apparaître comme un prolongement discret, mais assez visible, de l’ancienne Communauté instaurée par la Constitution de 1958, il ne semble pas pertinent d’en attribuer, comme on le fait souvent, la paternité directe au général de Gaulle. (...) Pour autant, bien au contraire, cela ne signifie pas que le Général se soit désintéressé, d’une part de la situation des peuples de langue maternelle française, et d’autre part du rôle international de la langue française dont, dans les années soixante, la vocation universelle était moins contestée qu’aujourd’hui.

Texte
Ce qu’il est convenu d’appeler la francophonie est une idée assez neuve qui n’a pris institutionnellement corps que dans les années soixante-dix, et ne s’est affirmée que lentement en raison des problèmes inter-canadiens : Valéry Giscard d’Estaing préférera annuler le premier sommet francophone qui devait se tenir à Dakar, faute d’accord possible avec Ottawa quant à la représentation du Québec en tant que gouvernement autonome, et ce n’est qu’en 1986 que François Mitterrand réunira à Versailles le premier sommet francophone.

Or, si l’on considère que le terme « francophonie » s’est très vite institutionnalisé pour apparaître comme un prolongement discret, mais assez visible, de l’ancienne Communauté instaurée par la Constitution de 1958, il ne semble pas pertinent d’en attribuer, comme on le fait souvent, la paternité directe au général de Gaulle. Non que celui-ci l’eut désavouée, même s’il l’eût certainement conçue autrement, mais parce qu’il avait été échaudé par la dislocation précoce de la Communauté telle qu’il l’avait conçue au lendemain des indépendances des pays africains. Evoquée, certes, dès les années soixante, par de nombreux militants désireux d’une véritable organisation internationale de la francophonie, l’idée était aussi reçue par beaucoup, et souvent dénoncée (notamment par les Algériens), comme une sorte de néo-colonialisme déguisé. On prête au général de Gaulle d’avoir dit : « Il faudra que cela vienne d’eux ». Et, du reste, ardemment souhaitée par les Québécois, l’appel vint alors d’hommes de l’ancienne Union française comme Habib Bourguiba, Hamani Diori et le prince Norodom Sihanouk ; c’est un Québécois, Jean-Marc Léger, qui sera le principal artisan du premier accord entre Etats qui donnera naissance, en 1970, au premier organisme francophone à caractère international, l’Agence de coopération culturelle et technique. En 1970, le général de Gaulle n’est plus aux affaires.

Pour autant, bien au contraire, cela ne signifie pas que le Général se soit désintéressé, d’une part de la situation des peuples de langue maternelle française, et d’autre part du rôle international de la langue française dont, dans les années soixante, la vocation universelle était moins contestée qu’aujourd’hui. Rappelons que c’est sur ses instructions que Georges Bidault, à la conférence de San Francisco, en 1945, fit prévaloir le maintien de notre langue comme langue officielle des Nations Unies, puis comme seule langue de travail du Secrétariat de cette Organisation avec l’anglais. On y parvint alors avec l’appui des pays d’Amérique latine et d’Haïti, encore fidèles alors à la culture française. Si un déclin de l’usage fut sensible par la suite, une embellie eut lieu dans les années soixante, du fait de l’accession à la souveraineté internationale de nombreux pays africains qui n’avaient que le français comme moyen de communication, parfois même au-dedans d’eux-mêmes. Lors de sa célèbre tournée en Amérique latine, en 1964, le Général ne s’exprima qu’en français, avec quelques essais en espagnol, et fut compris de tous.

A ses yeux, le rôle international du français était une chose qui allait de soi, et le destin des communautés de langue maternelle française, souvent minoritaires et abandonnées à elles-mêmes dans leurs pays respectifs, en était une autre, qui lui paraissait alors plus menacé. On se souvient de sa tentative, à l’issue de la guerre, d’obtenir le rattachement du Val d’Aoste à la France, au motif que Mussolini avait tout fait pour italianiser de force les Valdôtains. Le Général n’avait certainement pas une conception ethnique de la francité, mais il était sensible aux appartenances historiques, et plus encore à la dette de la France à l’égard de ceux qui, en Nouvelle France et en Acadie notamment, avaient été laissés à leur sort à l’issue de combats et de traités malheureux. Cette dette, il voulait la régler dans toute la mesure du possible.

C’est dans l’affaire du Québec que sa démarche fut la plus retentissante. Il n’est que de renvoyer à sa conférence de presse du 27 novembre 1967 où il décrit en termes lyriques et historiques sa remontée du « chemin du Roy » pour comprendre que, bien que porté par l’enthousiasme de la population, rien dans cette affaire ne fut improvisé. On a trop peu remarqué, en effet, précédant le Vive le Québec libre ! du 24 juillet 1967, le discours prononcé à l’Hôtel de Ville le soir même de son arrivée à Montréal à bord du Colbert : «Après qu’eût été arraché de ce sol, voici deux cent quatre années, la souveraineté inconsolable de la France, soixante mille Français y restèrent. Ils sont maintenant plus de six millions. (…) Votre résolution de survivre (…) a pris maintenant une vigueur active en devant l’ambition de vous saisir de tous les moyens d’affranchissement et de développement que l’époque moderne offre à un peuple fort et entreprenant. (…) On assiste ici comme en maintes régions du monde à l’avènement d’un peuple qui, dans tous les domaines, veut disposer de lui-même et prendre en main ses destinées. (…) Qui peut s’étonner ou s’alarmer d’un mouvement aussi conforme aux conditions modernes de l’équilibre de notre univers, et à l’esprit de notre temps ? ». Premier acte politique d’une francophonie agissante, des accords furent signés au lendemain de ce voyage historique, entre la France et le Québec, connus sous le nom d’accords Peyrefitte-Johnson : ils établissaient une coopération dans tous les domaines – mais tout particulièrement dans ceux de l’éducation et de la jeunesse – ainsi que des visites croisées des Premiers ministres, au rythme bi-annuel.

On note, précédemment au voyage de 1967, certaine exaspération du général de Gaulle quant aux relations franco-canadiennes. C’est ainsi qu’à la proposition de notre ambassadeur à Ottawa qui suggère d’associer la France au centenaire du Canada, il inflige cette apostille, en date du 6 décembre 1966 : « Il n’est pas question que j’adresse un message au Canada pour célébrer son ‘‘centenaire’’. Nous pouvons avoir de bonnes relations avec l’ensemble de l’actuel Canada. Nous devons en avoir d’excellentes avec le Canada français. Mais nous n’avons à féliciter ni les Canadiens ni nous-mêmes de la création d’un ‘‘Etat’’ fondé sur notre défaite d’autrefois et sur l’intégration d’une partie du peuple français dans un ensemble britannique. Au demeurant, cet ensemble est devenu bien précaire… » (1). On peut relever un autre mouvement d’humeur par l’apostille portée sur une lettre de Michel Debré, alors ministre des Affaires étrangères, du 23 septembre 1968 au sujet de l’invitation de l’ambassadeur d’Angleterre (à cause des Seychelles et de Jersey) à une réunion de l’Association internationale des parlementaires de langue française : « On m’apporte la carte forcée. Pour moi, il s’agissait d’une assemblée de ‘‘parlementaires’’ francophones [c’est une des rares fois où le mot ‘‘francophone’’ est utilisé par le Général] dans laquelle les gouvernements n’avaient rien à voir. Or, voici qu’il me faut inviter des ambassadeurs, c’est-à-dire des gouvernements, dont l’un au moins (en l’occurrence l’anglais) est notre adversaire en fait de francophonie. Bref, ce qui pouvait avoir sa valeur perd sa signification et même devient quelque peu dérisoire. Le brave (X…) bat la campagne et le ministère des Affaires étrangères le laisse faire » (2).

A l’égard des Acadiens, minoritairement présents dans trois provinces du Canada (le Nouveau-Brunswick, où existe un bilinguisme officiel franco-anglais, la Nouvelle-Ecosse et l’Ile du Prince Edouard, où leur assimilation semble peu réversible), le général de Gaulle agira plus discrètement, en procurant notamment à l’Evangeline, qui fut longtemps le seul moyen d’expression en langue française, les moyens de continuer sa parution (qui a cessé depuis). Mais c’est dès le lendemain de son voyage de 1967 qu’il annoncera, toujours dans sa conférence de presse du 27 novembre, son souci d’associer l’ensemble des Canadiens français à ce qu’il avait décidé d’entreprendre avec le Québec : « A cette œuvre, devront d’ailleurs participer, dans des conditions qui seront à déterminer, tous les Français du Canada qui ne résident pas au Québec et qui sont un million et demi. Je pense, en particulier, à ces deux cent cinquante mille Acadiens, implantés au Nouveau-Brunswick, et qui ont, eux aussi, gardé à la France, à sa langue, à son âme, une très émouvante fidélité ».

Au lendemain du voyage de 1967, quatre personnalités acadiennes étaient venues remettre à Alain Peyrefitte, à Québec, une lettre à l’intention du Général. Celui-ci y répondit de retour par une lettre en date du 28 octobre 1967, à l’adresse du président de la Société nationale des Acadiens, Léon Richard : « … Je sais quelles dures épreuves les Français d’Acadie ont connues au long de leur histoire et comment ils les ont surmontées. Avec un courage et une persévérance exemplaires, votre communauté française est demeurée fidèlement attachée à notre langue, à notre culture et par conséquent à notre destin. (…) Il est bien évident que les sentiments réciproques que nous éprouvons les uns pour les autres doivent se manifester avant tout par une étroite coopération. » Dans la même lettre, le Général invitait la Société nationale des Acadiens à venir à Paris. Cette délégation, conduite par Léon Richard, fut reçue très officiellement à l’Elysée dès le 20 janvier suivant : « Après plus de deux siècles et demi où nous fûmes séparés, voici que nous nous retrouvons entre Acadiens et Français de France », leur déclara le président de la République, ajoutant : « Rien n’est donc plus naturel et ne peut être plus fécond que d’établir entre nous des rapports de Français à Français. Ces rapports, les nouer et les organiser, c’était le but de votre visite. C’en sera le résultat. » (3)

Si le respect des particularismes, notamment linguistiques, tel qu’il est inscrit et pratiqué dans la Confédération helvétique n’attira pas particulièrement l’attention du général de Gaulle, il fut en revanche très sollicité par les dissensions opposant en Belgique Flamands et Wallons, et aboutissant à une véritable guerre civile des langues, avec érection, en ce temps d’abolition des frontières, d’une frontière linguistique intérieure. Il connaissait parfaitement la Belgique, et ses problèmes, pour y avoir achevé en 1908 ses études au collège jésuite d’Anthoin, à la suite de l’expulsion des congrégations en 1905. Dès le lendemain de la guerre, il fut prié d’intervenir par des militants wallons inquiets de leur recul démographique et de la désindustrialisation de leur région, qu’ils souhaitaient voir rattachée à la France dont elle avait fait partie de 1797 (Traité de Campoformio) à 1815 (Traité de Vienne). Il se montra prudent et respectueux de l’équilibre européen en un moment où la France sortait affaiblie et où la Belgique elle-même avait eu à subir une rupture entre sa dynastie et son gouvernement, replié à Sainte-Adresse, puis à Londres. L’après-guerre ne fit qu’accentuer, avec le recul de la Wallonie, le recul politique de ses élites et la prédominance, jadis acceptée et pratiquée par les élites flamandes elles-mêmes, de la langue française dans les institutions du Royaume. Ce qui explique que, recevant à la fin des années soixante une haute personnalité wallonne, Robert Liénard, venu lui demander à nouveau que « la France veuille enfin nous dispenser un peu de l’active sollicitude qu’elle a étendue sous votre égide à tant d’autres Français de l’extérieur », le Général ait ouvert aux Wallons une perspective plus favorable mais bien définie : « Je connais la Wallonie aussi bien et peut-être mieux que le Québec. Comment pourrais-je y être indifférent ? Je suis né sur ses bords, j’y ai fait des séjours qui m’ont laissé des souvenirs durables. C’est vous dire que je partage vos inquiétudes quant à votre avenir. (…) Que peut la France ? Toute intervention de la France, si modeste soit-elle, serait immédiatement amplifiée, soulignée, amplifiée surtout, par les notables francophones de votre pays qui ne manqueraient d’invoquer l’impérialisme français, notre volonté hégémonique et tout le reste ! (…) Je regrette de devoir vous dire ‘‘Chaque peuple ne peut se redresser que par lui-même’’. (…) Bien entendu si, un jour, une autorité représentative de la Wallonie s’adressait officiellement à la France, ce jour-là, de grand cœur, nous répondrions favorablement à une demande qui aurait toutes les apparences de la légitimité. (…) La politique traditionnelle de la France a toujours tendu à rassembler dans son sein les Français de l’extérieur. La Wallonie a été exclue de ce rassemblement par un accident de l’histoire. Elle a pourtant toujours vécu en symbiose avec nous, et ce depuis Alésia jusqu’au 18 juin 1940 en se rangeant rapidement dans notre camp. » (4)

Les peuples africains ne sont pas des « Français de l’extérieur », qui auraient pour ancêtres les Gaulois. Après la déception que lui causa l’échec de la Communauté, le Général ne les oublia pas pour autant, mais il souhaitait de toute évidence, à la différence de ce qui fut fait par la suite, ne pas mélanger les genres. Toutefois – mais sans jamais recourir au concept de francophonie – recevant le 9 juillet 1966, à l’Elysée, les chefs d’Etat des pays de l’Organisation commune africaine et malgache, qui venaient de se réunir à Tananarive, et pour répondre aux vœux qu’ils y ont émis, le général de Gaulle leur adresse un toast, où il s’exprime en ces termes : « Vous voici, d’autre part, réunis dans la volonté de faire en sorte que vos Etats, leurs élites et leurs peuples, soient liés entre eux en profondeur par une langue et une culture décidément commune. Comme cette langue et cette culture sont celles de nous autres Français, nous ne pouvons que nous réjouir d’une décision prise par vous-même et qui, au long des temps, vous rapprochera chaque jour davantage par l’esprit, l’âme et le rayonnement. » (5)

Lors du colloque de novembre 1990 consacré, à l’occasion du centenaire de sa naissance, à « De Gaulle en son siècle », le problème des rapports du Général avec « la langue française et la francophonie », fut traité sous la rubrique « De Gaulle et la culture », mais tout montre que sa conception des communautés de langue originelle française fut d’abord, sinon strictement politique, du mois politiquement historique. C’est que le français, comme le souligna Mme Renée Balibar dans sa contribution, n’est pas seulement une langue de culture mais, depuis des siècles, une « langue d’Etat » : « La perspective qu’on va proposer ici, faisait-elle ressortir, tente de situer Charles de Gaulle, y compris ses silences sur la politique de la langue, dans la longue histoire de la langue française. » (6) Dans sa communication, Michel Fichet, l’un des meilleurs spécialistes des communautés de langue maternelle française, après avoir établi une clarification entre « langue maternelle, d’unité et d’identité, pour la nation française et pour les communautés qui en sont issues ou qui en ont été séparées par les aléas de l’histoire », puis « langue de communication héritée de la colonisation, parfois langue d’unité, souvent, pour ne pas dire toujours, en conflit avec l’identité culturelle autochtone pour tous les peuples qui ont subi les dominations française et belge », enfin « langue étrangère pour tous ceux qui font le choix de l’apprendre et de la pratiquer », le dit très clairement : « Ce sont des notions de langue et de culture constitutives de l’âme française que le général de Gaulle utilisait le plus fréquemment de préférence à la notion de francophonie dont la fortune a grandi d’ailleurs en même temps que son contenu se brouillait. » (7)

Pour Jean-Marc Léger, haut fonctionnaire québécois et inlassable artisan, dès l’origine, de l’organisation institutionnelle de la francophonie : « Que le général de Gaulle n’ait pas été un protagoniste ni un tenant de ce qu’on appelle d’un terme discutable ‘‘la francophonie’’, qu’il ait marqué un certain scepticisme et de fortes réserves à l’endroit de ce projet, du moins sous son aspect d’organisation gouvernementale, voilà un constat fait depuis longtemps et qu’il paraît difficile de contester. Il importe toutefois de reconnaître en même temps que de Gaulle aura été un artisan majeur de cette francophonie, dans la mesure où son action, tant sur le plan intérieur que sur le plan international, a permis que fussent réunies certaines des conditions indispensables à l’incarnation du grand dessein. (…) Or, la francophonie non gouvernementale a trouvé à Paris, dès le départ, une ardente sympathie et un soutien actif, permanent, qui n’auraient pas été possibles sans le parfait accord de l’Elysée. » (8)

On ne saurait toutefois passer sous silence la création, en 1966, auprès du Premier ministre, à l’initiative de Philippe Rossillon, d’une cellule qui prendra le nom de « Haut Comité pour la défense et l’expansion de la langue française », reprenant ainsi la vieille formule de Joachim du Bellay, en un temps où les poètes français voyaient leur langue menacée par le dynamisme de l’italien. Mais la création de cet organisme, bien qu’approuvée par l’Elysée, releva davantage de la détermination de Georges Pompidou, alerté dès 1964 par le célèbre pamphlet de son condisciple de l’Ecole normale, René Etiemble, Parlez-vous franglais ?, où était souligné pour la première fois les menaces qui pesaient en France même sur sa langue.

Le général de Gaulle était conscient des menaces qui pesaient sur la langue française dès ce moment, puisqu’il avait adressé à l’Institut de France, le 23 mars 1965, à travers Robert Courrier et Louis de Broglie, cette lettre qui se voulait, au-delà d’un constat déjà évident, mobilisatrice des volontés qui déjà flanchaient, même et surtout dans les milieux scientifiques :

«Messieurs les Secrétaires perpétuels,

Le vœu unanime récemment exprimé par votre Compagnie en ce qui concerne l’usage de la langue française dans les réunions internationales a mon assentiment le plus entier. Il est, en effet, déplorable que la langue française, si remarquablement adaptée par sa clarté et sa précision à l’expression de la pensée scientifique, soit trop souvent trahie par ceux-là mêmes auxquels il incombe d’en maintenir l’usage. (…) Il est, en effet, d’intérêt national que savants et techniciens s’inspirent dans l’emploi de notre langue du respect que la science se doit à elle-même. » (9)

C’est qu’il était évident, pour lui, que la place de grande langue internationale que devait conserver le français dépendait, d’abord, du respect et de l’exigence que les Français montreraient dans son emploi.


Notes
(1) Lettres, notes et carnets, mai 1969-novembre 1970 ; Compléments 1908-1968, Ed. Plon, 1988.
(2) Ibid.
(3) Ibid.
(4) Claude de Groulart, De Gaulle : « Vous avez dit Belgique ? », préface de Philippe de Saint Robert, Ed. Favre, Lausanne, 1984.
(5) Discours et messages, tome V, Ed. Plon, 1970.
(6) Cf. De Gaulle en son siècle - 7. De Gaulle et la culture, Ed. Plon, 1992.
(7) Ibid.
(8) Ibid.
(9) Lettres, notes et carnets, mai 1969-novembre 1970 ; Compléments 1908-1968, Ed. Plon, 1988.
    Recherche
    >

    Secteur
    Histoire
    Autres textes de cet auteur
    Désolante francophonie
    Sciences, l'ère Reagan-Tatcher, Nicolas Sarkozy
    Ponge, serviteur de la langue française
    Langue, langue française, description, composition, Jean Paulhan
    Cette réflexion sur la composition et ce poème intitulé l'huitre, de Francis Ponge, aideront le lecteur à mieux comprendre l'hommage que Philippe de Saint Robert à cet auteur, "L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir : il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos. " À l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger ...
    Autres documents associéw au dossier Charles de Gaulle
    De Gaulle et la francophonie
    Jean-Marc Léger
    Comment, alors, expliquer les réserves du Général envers les divers projets tendant à traduire dans l'ordre politique la notion de francophonie, en dépit des démarches insistantes de dirigeants africains comme Senghor et Diori Hamani, pour lesquels il entretenait respect et ...
    De Gaulle, la langue française et la francophonie
    Philippe de Saint Robert
    culture française, langue française, francophonie, France, anglicisation
    Texte à paraître chez Robert Laffont, dans le Dictionnaire du gaullisme, fin 2006.