Essentiel
La géo ingénierie à la lumière de la pensée complexe
Le samedi 27 janvier, Andrée Mathieu nous a entretenu de la pensée complexe. Si je parviens à bien présenter les choses, nous a-t-elle dit en substance, vous n’interpréterez plus les nouvelles de la même manière. Vous saurez par exemple, qu’on vous lance sur une fausse piste si on se limite à faire appel à la causalité linéaire pour proposer une solution là où vous présumez que plusieurs facteurs, formant système, agissent les uns sur les autres de façon à rendre l’évolution du système imprévisible, comme dans le cas d’un ouragan. La conférencière nous a alors donné comme exemple de fausse piste la géo ingénierie telle qu’on la présente généralement au grand public Les gaz à effet de serre réchauffent la planète? On va tenter de régler ce problème en saupoudrant la haute atmosphère de particules de soufre qui vont refléter une partie des rayons solaires incidents dans l’espace.
Le lendemain du 27 janvier, au début de l’après-midi, à l’émission Aujourd’hui la science, j’entends une journaliste qui, d’une voix enthousiaste, présente d’abord la géo ingénierie comme une piste prometteuse pour annoncer qu’un premier test, à petite échelle, sera fait dans les mois qui viennent par une équipe de l’Université Harvard. Mais, ô bonheur pour l’intelligence, ce n’était pas la fin de son propos. Elle nous a ensuite appris qu’une étude portant sur les éventuelles conséquences de l’interruption d’une grande opération de saupoudrage avait donné des résultats très inquiétants. Dans un tel cas, il y a tant de facteurs en cause, tant d’événements imprévus qui peuvent se produire, qu’il ne faut pas exclure qu’une fois une telle intervention lancée, il faille l’interrompre. Après une telle interruption, nous a appris la journaliste, non seulement on ne reviendrait pas au statu quo ante, mais il faudrait prévoir une multiplication par dix de l’accélération du réchauffement. La pensée complexe nous apprend que dans le cas des phénomènes climatiques, des changements radicaux et brusques de ce genre sont possibles. Il suffit pour qu’ils se produisent que les effets d’une série de rétroactions positives se conjuguent.
Le document suivant de Arte, texte et vidéo, fait le tour de la question, en tenant compte d’une perspective historique montrant que le père de la bomme H, Edward Teller, fut aussi un pionnier de la géo ingénierie.
Autres liens pertinents
https://fr.davidsuzuki.org/blogues/geo-ingenierie-serait-larme-secrete-contre-changements-climatiques/
http://www.nationalgeographic.fr/environnement/2015/12/les-projets-fous-de-la-geo-ingenierie-pour-contrer-le-changement-climatique
Enjeux
mrmondialisation.org/les-apprentis-sorciers-du-climat/Compte tenu de la complexité du climat, la géo ingénierie ne peut se livrer qu’à des expériences, mais dans ce cas, les expériences ne sont pas faites dans une éprouvette à l’intérieur d’un laboratoire bétonné, l’éprouvette c’est la Terre elle-même. On joue à la roulette russe avec elle.