McDonough William

Pour l’architecte et designer industriel William McDonough et son associé allemand le chimiste industriel Michael Braungart, les produits qui ne sont pas conçus en fonction de la santé humaine et écologique sont inintelligents et inélégants; les deux auteurs de Cradle to Cradle les qualifient de produits «brutes». Dans un monde où le design des produits et des procédés industriels est dénué d’intelligence et destructeur, la réglementation peut réduire les effets nuisibles immédiats. Mais en bout de ligne, la nécessité d’un règlement révèle un défaut de design. Alors, plutôt que de s’attaquer individuellement aux millions de problèmes environnementaux, il convient d’adopter une approche systémique. Il est essentiel de convertir les activités humaines à des processus cycliques compatibles avec les cycles naturels.

Bill McDonough illustre ce principe de belle façon. Chaque pas que nous faisons libère des petites particules en provenance de nos semelles. Ces particules sont souvent des substances dommageables qui peuvent contaminer le sol et en réduire la vitalité. De plus, comme elles sont transportées par la pluie, ces particules peuvent causer des dommages ailleurs dans l’environnement. Selon le célèbre architecte, le design des souliers devrait être tel que les semelles soient biodégradables. Pendant qu’elles seraient usées par les macheurs, les semelles nourriraient le métabolisme biologique plutôt que de l’empoisonner. Les autres parties du soulier pourraient être conçues comme des nutriments techniques et être retournées dans les cycles industriels. Suivant les conseils de McDonough, une telle espadrille est en développement chez Nike. La plupart des produits de notre système industriel sont primitifs dans leurs relations avec la nature. Avec les moyens scientifiques et techniques qui sont disponibles aujourd’hui, ça ne devrait pas être le cas...

Travaillant en étroite collaboration avec la Ville de Hanovre, avec le docteur Michael Braungart et l’Agence de promotion de la protection de l’environnement (Environmental Protection Encouragement Agency) de Hambourg, et après de nombreuses consultations dans les milieux du design, de l’environnement et même de la philosophie, William McDonough a conçu un ensemble de principes généraux qui constituent une nouvelle approche du design qui puisse satisfaire les besoins et les aspirations du présent sans compromettre la capacité de notre planète à supporter les projets futurs.

Les Principes de design de Hanovre

Les Principes de Hanovre sont un ensemble de maximes destinées à inciter les architectes et les designers, mais aussi tous les créateurs du monde, à inscrire leurs projets dans une perspective de développement durable. Ils doivent être vus comme un document «vivant», capable d’évoluer avec nos connaissances et visant à améliorer notre compréhension de l’interdépendance entre les êtres humains et la nature. Dans cette nouvelle philosophie du design, tout créateur doit:

1. Mettre l’accent sur les droits des hommes et de la nature de coexister dans un environnement favorable, sain, diversifié et durable.

2. Reconnaître l’interdépendance. Le design humain interagit avec le monde naturel et dépend de lui; il a d’importantes et diverses implications à tous les niveaux. Le créateur doit élargir ses considérations pour reconnaître les effets mêmes lointains de son design.
(Travaillant dans l’alma mater de Thomas Jefferson, William McDonough rêve d’une Déclaration d’Interdépendance).

3. Respecter les relations entre l’esprit et la matière. Considérer tous les aspects de l’organisation humaine, tels la communauté, l’habitation, l’industrie et le commerce, à la lumière des relations qui existent et évoluent entre l’esprit conscient et la matière.

4. Se sentir responsable des conséquences de son design sur les êtres humains, sur la viabilité des systèmes naturels et sur leurs droits de coexister.

5. Créer des objets sécuritaires et durables. Ne pas surcharger les futures générations en créant de façon négligeante des produits, des procédés ou des règlements potentiellement dangereux et qui exigeront un entretien soutenu ou une administration vigilante pendant des siècles.

6. Éliminer le concept de déchet. Évaluer et optimiser le cycle de vie complet des produits et des procédés pour imiter les systèmes naturels dans lesquels les déchets n’existent pas.

7. Compter sur l’énergie naturelle. Dans tout design, les forces créatrices devraient être dérivées du flux d’énergie constant qui provient du soleil, comme c’est le cas dans le monde vivant. Cette énergie devrait être recueillie efficacement et sécuritairement pour une utilisation responsable.

8. Comprendre les limites du design. Aucune création humaine ne dure éternellement et le design ne règle pas tous les problèmes. Les créateurs et les planificateurs devraient pratiquer l’humilité face à la nature. Ils devraient traiter la nature comme un modèle, un mentor, et non comme un inconvénient qu’il faut fuir ou contrôler.

9. Chercher une amélioration constante par le partage des connaissances. Encourager la communication directe et ouverte entre collègues, clients, manufacturiers et utilisateurs, pour lier les considérations de durabilité à une éthique de responsabilité, et rétablir la relation fondamentale entre les processus naturels et l’activité humaine.
(copyright 1992 William McDonough Architects, pour la version anglaise)

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