Moineau

Traits distinctifs

La bavette noire du mâle est distinctive. Les femelles ont une légère indication de la couleur olive et pourraient se prendre pour la femelle du pinson pourpré, n’était-ce qu’elles n’ont pas de raies en dessous. La femelle, ou les plumages d’automne du goglu, font un peu penser à ce plumage, mais les raies très prononcées en dessus et la couleur jaune générale sont tout à fait caractéristiques du goglu. Un peu d’attention donnée à l’espèce dans nos rues et dans nos cours de fermes suffira à empêcher qui que ce soit de prendre cette espèce pour aucune autre.

Indication sur le terrain

Les notes caractéristiques et le gazouillement du moineau domestique seront toujours la meilleure indication sur le terrain pour le reconnaître.

Habitat

À l’origine son territoire comprenait toute l’Europe et la plus grande partie de l’Asie. Aujourd’hui il est dans toute l’Amérique du Nord jusqu’aux confins des parties colonisées.

Cet oiseau n’est pas originaire d’Amérique, mais c’est un des produits les moins désirables qu’on ait importé d’Europe. Malgré son habitude bien connue de manger du grain il fut introduit en Amérique en qualité de destructeur de chenilles. En effet, à l’instar de la plupart des oiseaux qui quelquefois mangent des chenilles, le moineau en mange, mais à cet égard il n’approche pas de la capacité des espèces qu’il a évincées. Comme c’est un oiseau des villes et des cours de fermes, son activité se donne carrière surtout dans les localités où il y a abondance de nourriture pour les non-insectivores, c’est-à-dire de déchets de cuisine, de grains qu’on laisse perdre, etc. En automne il se livre à des excursions à la campagne et visite les champs en grandes bandes, surtout après les moissons quand il reste beaucoup de grain perdu par terre; quelquefois il arrive avant la moisson et alors il cause de grands dégâts. Son régime d’alimentation est donc nuisible, on ne l’est pas suivant les circonstances, si bien que dans un règlement de compte, c’est en faveur de l’oiseau que le bilan s’établirait. Les trois autres principaux griefs qu’on fait valoir contre le moineau domestique sont les suivants : il évince des espèces plus utiles que la sienne; il salit les alentours des maisons; on le suspecte de propager les maladies des oiseaux de basse-cour.

Les moineaux domestiques chassent les autres oiseaux de trois façons : en monopolisant les provisions alimentaires; en s’emparant des places por leurs nids; par leurs mœurs querelleuses et batailleuses. Pendant le temps de la couvaison, quand les petits reçoivent leur becquée, les moineaux et d’autres espèces se font concurrence pour la nourriture à donner à leurs petits, c’est-à-dire pour les mêmes insectes (les petits de tous les passereaux demandent des insectes, bien que ceux de l’espèce présente ne soient pas longtemps purement insectivores). Jusqu’ici peut-être les moineaux pourraient passer pour être aussi utiles que les individus qu’ils évincent, mais la plupart des oiseaux évincés sont de perpétuels chasseurs d’insectes, tandis que le moineau ne l’est que temporairement. Aussitôt que les devoirs de la couvaison sont finis ils retournent aux déchets et aux matières qu’on laisse perdre et leur importance baisse d’autant, tandis que les oiseaux évincés continuent à rendre des services pendant toute la saison. Les moineaux domestiques restent avec nous pendant tout l’hiver, ne montrant aucune disposition à émigrer, aussi sont-ils sur le terrain dès les premiers jours du printemps et, lorsque arrivent nos hôtes d’été, oiseaux originaires du pays (presque tous plus ou moins migrateurs, soit comme espèces soit comme individus) ils trouvent déjà prises toutes les meilleures places pour y mettre leurs nids. La difficulté qu’on trouve à écarter les moineaux des nichoirs est la meilleure preuve de l’état de choses en question. Ils sont querelleurs, en outre, et quoique, une fois établies, la plupart des espèces natives soient très capables de résister aux agressions, (elles) n’aiment pas le perpétuel état de guerre où les fait vivre le voisinage du moineau anglais. Il est bien plus facile de l’éviter que de le combattre. De là vient que peu d’oiseaux d’autre espèce se soucient de vivre dans leur voisinage. Les nids sont grands, massifs, des amas malpropres de paille et d’herbe, et l’habitude qu’ont ces oiseaux de boucher les tuyaux de gouttières, les rend très désagréables. Pour ajouter aux inconvénients provenant des nids des oiseaux domestiques, la réunion de ces oiseaux en nombres considérables, pendant toute l’année, dans des coins abrités sous des corniches et des porches, entraîne des accumulations d’ordures qui irritent les habitants des maisons. De nos jours un des importants problèmes de l’architecture consiste à imaginer des détails satisfaisants et qui ne fourniront aucun abri aux moineaux dont les saletés défigurent les moulures les plus soignées et finissent par désagréger les matériaux dont l’édifice est composé. Le dernier grief, celui de colporter les maladies, n’est pas le moindre de ceux qu’on fait à cette espèce. Le fait de picoter familièrement avec les poules et celui de voleter en liberté d’une basse-cour à l’autre donnent à ces moineaux toute facilité pour être des colporteurs de maladies. La chose, il est vrai, n’a pas encore été absolument démontrée, mais qu’elle soit possible et même probable, cela est assez évident. C’est une circonstance bien instructive que les dindes sont de nos jours sujettes aux ravages de certains boutons qui se sont propagés rapidement dans notre pays, alors que dans certaines îles côtières du Massachussetts, d’où le moineau anglais est absent, le dindon s’élève aussi facilement qu’autrefois.

Il n’est pas douteux que l’introduction en Amérique du moineau domestique a été une erreur. Il était déjà connu dans son pays d’origine comme une espèce peu recommandable, et nullement propre à l’usage auquel on le destinait en l’important en Amérique. Dans ce pays, éloigné de tout ce qui pouvait enrayer ses défauts et le tenir en dépendance, il a multiplié au delà de toute raison et, si ses mœurs les plus critiquables ont empiré, ses moins mauvais côtés ne se sont guère perfectionnés. Quoi qu’il en soit, le moineau domestique est ici pour y rester. On a légiféré contre lui, des grosses sommes ont été dépensées pour le tenir en échec, rien n’y a fait. Des mesures locales ont été prises pour en rédui(r)e le nombre, de temps à autre, mais elles n’ont servi qu’à attirer du dehors de nouvelles hordes quand l’effet de ces mesures s’est épuisé. De constants efforts maintiendront le nombre de ces oiseaux en de certaines limites, mais ces efforts devront s’étendre à tout le continent si l’on veut en finir avec cette malfaisante engeance. Des pièges, du poison, une destruction systématique des nids seront les meilleurs moyens d’en venir à bout. L’effet du poison est certain, mais il faut faire attention de ne s’en servir que dans les saisons et les lieux où aucune autre espèce ne puisse avoir accès. Les pièges fait de fils de fer et toujours en place, prendront un grand nombre de ces oiseaux à la fois et donneront plein satisfaction. …

source: P. A. Taverner, Les oiseaux de l'Est du Canada. Deuxième édition. Ottawa, Imprimeur du Roi, 1922 (Commission géologique, Ministère des Mines, mémoire 104 - série biologique, no 3), p. 185-187. Domaine public

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