Manuscrit

Enjeux

Doit-on tout publier tout ce qu’a écrit un auteur, y compris ses manuscrits en apparence les plus insignifiants? Voilà la réponse nette et tranchante que donne à cette question un critique du début du XXe siècle :

« Les écrivains de notre temps sont sans pitié dès qu’ils se mêlent d’histoire. Ils utilisent tous les matériaux d’où qu’ils viennent et sans tenir compte de leur qualité pourvu qu’ils soient neufs. Ils fouillent dans les papiers des morts sans retenue ni décence et, dans cette recherche fiévreuse de l’inédit, du sensationnel, ils divulguent les documents les plus intimes ou les plus détestables et partant, les moins destinés à la publication. Des pièces quasi-secrètes, des ébauches souvent informes, s’égrènent alors dans les papiers publics, sans préparation apparente, l’absence de tout assemblage, de toute architecture enveloppante, leur assurant une attention exclusive et un succès d’autant plus vif et plus absolu. Ce sont là des mœurs littéraires que le journalisme d’aujourd’hui a consacrées et dont il ne faut point nous montrer glorieux. Ne peut-on se contenter de ce que les maîtres nous destinèrent et ne pas forcer leur secret? Que de gloires eurent gagné à ce que certaines découvertes, certaines exhumations n’eussent pas été faites dans leur vie, dans leurs œuvres, par de trop zélés admirateurs! » (Marcel Mayer, «Les premiers vers de Musset», La Revue de Bourgogne, vol. 1, no 1, 1911, p. 79; on peut lire le texte complet de cet article sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France - format PDF)

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