Cohérence

Cohérence: état, nous dit Littré, de ce qui tient réciproquement ensemble. Au XIXe siècle, ce terme était d'abord utilisé en physique, même si'il pouvait aussi désigner l'absence de contradiction dans les idées. Aujourd'hui c'est ce second sens qui l'emporte. Dans son dictionnaire de philosophie, Lalande précise toutefois que le mot cohérence n'a pas la force de ses équivalents anglais: coherency, coherence «qui correspondraient plutôt à cohésion et consistance.» Au mot cohésion, le même Lalande fait état de la liaison entre les invidus dans une société..

Enjeux

Le devoir de cohérence

Notre expérience encyclopédique nous a donné l'occasion de préciser l'orientation de l'ensemble de nos travaux. Nous comprenons mieux maintenant le mot de René Dubos, qui fut l'un de nos amis et de nos maîtres: penser globablement, agir localement. Penser globalement ce n'est pas seulement prendre l'ensemble de la terre et de l'univers en considération, c'est accroître la cohérence entre nos divers rapports avec cette terre et cett univers. Il faut cesser de traiter les ressources de la terre comme de simples moyens mis à la disposition de notre volonté de puissance. Soit! Mais sommes-nous sérieux si nous prétendons opérer cette conversion dans nos rapports avec les sources d'énergie, tout en continuant de n'avoir aucun respect l' humus du sol et tout en pratiquant des sports où notre corps n'est qu'un outil au service d'une volonté elle-même asservi au culte du record? Le développement durable, condition générale de lutte contre les diverses pollutions et contre le réchauffement climatique, suppose une vision du monde bien déterminée. Cette vision s'ébauche lentement dans la réalité. Il faut en accroître la cohérence, car c'est de cette cohérence que dépend la conviction. la constance et la continuité dans l'action sans lesquelles le mot durable n'a
aucun sens. Agir localement, ce n'est pas seulement réduire ses propres émissions de gaz à effet de serre, c'est faire preuve de sollicitude pour la vie dans toutes ses manifestions. Toutes les formes de vie, y compris l’art sont liées entre elles comme les éléments d’un écosystème de telle sorte que lorsque la vie n’a plus sa place dans une culture, elle se retire de toutes ses manifestations, des communautés et des écosystèmes aussi bien que des personnes et des œuvres d’art, à l’instar de la mer qui, à marée descendante, se retire uniformément de toutes les baies. Le retour de la vie ne peut s’opérer que de la même manière, simultanément dans toutes ses manifestions...et selon la loi de Goethe: la vie ne peut naître que de la vie. «Seule la vie peut donner la vie. L’intelligence peut façonner, mais étant morte, elle ne peut donner une âme. De la vie seulement peut jaillir le vivant.»

Le devoir de cohérence ne se limite toutefois pas à notre action sur le monde. C'est dans l'Arcadie de la Grèce archaïque et dans le Moyen Age que nous pouvons trouver, pour ce qui est de l'occident les plus beaux exemples de rapports harmonieux avec la nature. Or ce rapport n'était lui-même que la conséquence et le reflet d'une conception de l'homme, de l'univers et de Dieu recherchée pour elle-même. L'action trouve son sens dans sa subordination à la contemplation.

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