Jencks Christopher

Jencks lui-même résumé ses travaux dans un article de la Saturday Review et du Washjington Post intitulé Schools and inequality. Voici l’essentiel de cet article dans une traduction de Bernard Cazes

Or si l'on regarde l'ensemble de la société en comparant deux à deux des individus tirés au sort, la différence entre leurs statuts professionnels respectifs est en moyenne de 28 points sur l'échelle de statut de Duncan. (qui va de 0 à 96 points). La différence de statut professionnel entre frères, mesurée sur cette même échelle, atteint en moyenne 23 points.

Si nous comparons les revenus des travailleurs masculins, la différence moyenne entre individus pris au hasard deux à deux était en 1968 de 6 200 dollars. Entre frères, la différence de revenu avoisine probablement 5 700 dollars selon notre meilleure estimation. Ces chiffres signifient que des gens qui sont à égalité au départ se retrouvent finalement presque aussi inégaux que n'importe qui d'autre. L'inégalité n'est pas héritée pour l'essentiel : elle se recrée à chaque génération.

Nous pouvons faire progresser ce raisonnement en comparant des individus qui, non seulement ont débuté dans des familles analogues, mais ont en outre les mêmes chiffres de 0.1. et ont reçu la même quantité d'instruction. Leur statut professionnel diffère en moyenne de 21 points, à comparer aux 28 points qui séparent des individus pris au hasard. Si nous confrontons leurs revenus, en faisant l'hypothèse supplémentaire que les hommes ont le même statut professionnel, nous constatons que l'écart qui les sépare est en moyenne de 5 300 dollars, contre 6 200 pour des individus tirés au sort.

Ces comparaisons laissent penser que le succès à l'âge adulte doit dépendre de pas mal de choses autres que l'origine familiale, l'instruction et les capacités cognitives mesurées par des tests normalisés. Nous n'avons pas la moindre idée de la nature de ces facteurs. Il n'est pas douteux que, dans une certaine mesure, des types de compétence particuliers, comme l'aptitude à bloquer une balle lancée à toute volée ou à persuader un client qu'il a besoin d'une voiture plus grande qu'il ne se le figurait, jouent un rôle appréciable. Le revenu dépend également de la chance : éventail des emplois disponibles lors­que vous vous mettez en chasse, heures supplémentaires demandées dans votre usine, le beau temps pour les récoltes de fraises et cent autres aléas imprévisibles.
En conséquence, le fait d'égaliser les chances ne réduira pas beaucoup l'inégalité économique en Amérique. Si la pauvreté est relative plutôt qu'absolue, l'égalisation des chances n'aura pas non plus beaucoup d'effets sur elle. De tels résultats, il ressort que la réforme des écoles n'aura jamais d'incidence sérieuse sur le degré d'inégalité entre adultes ».

C. Jencks et MJ. Jane, « Schools and Inequality », Saturday Review and Washington Post, trad. française :Analyse et Prévision, septembre 1973, trad. de B. Cazes.


Christopher Sandy Jencks is the Malcolm Wiener Professor of Social Policy. He has taught at Harvard, Northwestern, the University of Chicago, and the University of California at Santa Barbara. Earlier, he was a fellow of the Institute for Policy Studies in Washington (1963-1967) and an editor of theNew Republic (1961-1963). He is currently a member of the Editorial Board of the American Prospect. His recent research deals with changes in family structure over the past generation, the costs and benefits of economic inequality, the extent to which economic advantages are inherited, and the effects of welfare reform. His books include The Academic Revolution (with David Riesman); Inequality, Who Gets Ahead?; The Urban Underclass (with Paul Peterson); Rethinking Social Policy; The Homeless; and The Black White Test Score Gap (with Meredith Phillips).

Articles





Articles récents