Becket Thomas saint

1118 (ou 1117)-1170
Archevêque de Canterbury, grand chancelier d’Angleterre, né à Londres le 21 décembre 1117, assassiné à Canterbury le 29 décembre 1170. Il étudia la théologie à Oxford et à Paris, et le droit à Bologne où il eut pour maître le célèbre canoniste Gratien. Il s’éleva par son savoir et son esprit de conduite aux plus hautes fonctions de l’État. L’appui de Théobald, archevêque de Canterbury, et la faveur du roi Henri II le firent nommer grand chancelier du royaume (1158). Il déploya, en cette qualité, les talents les plus divers, tantôt figurant, les armes à la main, à la tête de la chevalerie anglaise, sur les champs de bataille, dans la guerre du roi Henri II, son maître, contre les comtes de Toulouse, tantôt défendant, sur le terrain juridique, son souverain, contre les prétentions ultramontaines représentées par l’évêque de Chichester.

En 1162, il fut appelé à occuper le siège archiépiscopal de Canterbury. À peine investi de sa nouvelle dignité, il se voua au service de l’Église avec un zèle égal à celui qu’il avait déployé en faveur de la couronne. Il défendit énergiquement les privilèges ecclésiastiques que lui-même avait jadis attaqués comme grand chancelier. Il n’en fut pas moins contraint de signer les fameuses Constitutions de Clarendon (1164) qui enlevaient à l’Église quelques-unes de ses plus anciennes prérogatives. Malgré les concessions obtenues, le roi cita Becket à comparaître devant un parlement convoqué à Northampton, pour se justifier d’une série d’accusations portées contre lui, entre autres d’avoir détourné les deniers publics, pendant qu’il remplissait les fonctions de grand chancelier. Au lieu d’obtempérer à cette sommation, Becket en appela au pape et se réfugia en France auprès de Louis VII, dont il obtint l’appui. La lutte entre la théocratie et la royauté en était arrivée à une crise aiguë. D’un côté, était Henri avec ses barons et le haut clergé; de l’autre, Becket qu’accompagnaient les vœux du peuple et des clercs inférieurs. Aux excommunications, Henri répondit par des représailles contre la famille et les amis de Becket, par la confiscation de leurs biens et d’autres mesures vexatoires. Après un conflit qui dura six ans, les adversaires se réconcilièrent à l’entrevue de Fréteval, en Beauce (22 juillet 1170). Quelques mois après, Becket rentra en possession de toutes ses dignités et de tous ses biens. Non content de cette consécration de son triomphe, il suspendit de leurs fonctions plusieurs membres du haut clergé qui avaient pris parti pour le roi contre lui. Henri II, irrité de cette mesure agressive, prononça contre son adversaire des paroles de colère, qui furent interprétées par quelques gentilshommes de la cour, comme un ordre de le débarrasser d’un ennemi gênant. Thomas Becket fut assassiné dans la cathédrale de Canterbury. Deux ans après, il fut canonisé. Le roi fit pénitence publique sur son tombeau et reçut l’absolution de ce crime dont il avait été la cause involontaire (1174).

La tombe de saint Thomas Becket devint, pendant tout le moyen âge, un centre de pèlerinage pour la chrétienté. En 1538, Henri VIII s’empara des riches offrandes accumulées dans la cathédrale de Canterbury, détruisit la châsse où étaient déposées les reliques de Becket, et raya du calendrier le nom de ce vaillant champion de l’Église.

On célèbre la fête de ce saint le 29 décembre.

source: G. de la Quesnerie, article « Thomas Becket » de La grande encyclopédie: inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts. Réalisée par une société de savants et de gens de lettres sous la direction de MM. Berthelot, Hartwig Derenbourg, F.-Camille Dreyfus [et al.]. Réimpression non datée de l'édition de 1885-1902. Paris, H. Lamirault, [191-?]. Tome cinquième (Baillière-Belgiojoso), p. 1118-1119.

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