Dufresne Jacques

01/08/1941

Sommaire

1 Biographie

2 Les étapes

3 Les sources d'inspiration de Dufresne

4 Gratitude de Jacques Dufresne à l’endroit de :

5 Distinctions



6 Présence dans les médias

6.1 Journaux
6.2 Radio
6,3Télévision

7 Controverses

7.1 Polémiques autour du cancer de la prostate
7.2 Polémiques autour des arts

8 Œuvres

            8.3 Articles

9 Témoignages

 

 

BIOGRAPHIE

 

Jacques Dufresne est né en 1941 à Sainte-Élisabeth, un village situé dans la région de Lanaudière au Québec. Il eut l’enfance heureuse des enfants qui, à douze ans, ne savent pas qu'on peut être un inconnu dans le milieu où l'on vit. Ses parents étaient gérants d’une coopérative agricole spécialisée dans la fabrication du beurre. Ce milieu de la coopération où la distance entre patrons et employés était en grande partie abolie, le marqua profondément. La question de la lutte des classes ne se posa pas à ses yeux d’enfant. Dans la bibliothèque familiale, peu de livres mais une encyclopédie bien faite pour susciter l’intérêt des jeunes, intitulée justement Encyclopédie de la jeunesse. Elle avait aussi ses limites. La maison d’édition avait beau s’appeler Grolier, elle avait son siège social à New-York et sa succursale canadienne se trouvait à Toronto. L’œuvre avait été traduite de l’anglais et adaptée au Canada français avec un excès de prudence : le poème le plus osé était un éloge du laboureur par Lamartine. Jacques Dufresne comprit très vite que cette encyclopédie alors largement diffusée dans les familles reflétait le retard du Québec de cette époque sur le plan politique et culturel.

 

  Ses parents attachaient la plus grande importance aux études ; J.D. fut donc interne jusqu'à l'obtention de son baccalauréat ès arts en 1960, au collège de Joliette qui dispensait le cours classique hérité du XVIIIe siècle français. Les professeurs étaient des clercs catholiques. On y enseignait le grec et le latin, on s’y conformait à l’idéal de Platon : offrir aux élèves un programme équilibré entre d’une part les arts et la philosophie, et d’autre part la gymnastique et la musique.

 

Jacques Dufresne s'inscrit en 1960 à la faculté des Lettres de l’Université Laval. En 1961, il rencontre Hélène Laberge, elle-même étudiante dans une autre faculté. Il l'épouse un an plus tard. Au cours de la session d’été de 1963, grâce à une bourse du Goethe Institute, il poursuit son apprentissage de la langue allemande à l’Université de Heidelberg. En septembre de la même année, il est admis à l’université de Dijon au niveau du doctorat de philosophie, titre qu’il obtient après avoir soutenu une thèse intitulée Simone Weil et la tradition dualiste. De retour au Québec en 1965, les Dufresne s’installent à Montréal où J.D. enseigne la philosophie pendant deux ans, de 1965 à 1967, au collège St-Ignace. Une importante réforme du système d'enseignement remplace alors les collèges classiques par les collèges d'enseignement général et professionnel, dits cegeps. Devenu membre de l'équipe de direction du Cegep Ahuntsic, il fonde, en 1970, la revue Critère qu'il dirigera jusqu'en 1980.

 

Vue d’ensemble sur l’œuvre de Jacques Dufresne


Giovanni Calabrese, le directeur du magazine Philosophie et & Cie a bien résumé la vie et l’œuvre de Jacques Dufresne : « L’homme mécanique, morcelé, chosifié, tout autant que la connaissance éclatée, dispersée, non intégrée, sont, pour Jacques Dufresne, deux versions de la même erreur, celle de perdre de vue l’unité de sens et l’unité de vie qui peuvent seules assurer notre bonheur.» Comment a-t-il pu concilier la diversité de ses intérêts avec ce besoin d’unité? La culture générale unifiée, a-t-il souvent dit, est impossible à cause de la diversité du savoir, mais elle est plus nécessaire que jamais à cause du caractère de plus en plus éclaté du même savoir. Jacques Dufresne a fait le pari du nécessaire contre celui de l’impossible, en s’efforçant, dans chaque domaine exploré, d’atteindre cet essentiel, qui permet de pressentir l’orientation des disciplines spécialisés tout en renonçant à les maîtriser.

LA REVUE CRITÈRE (1970-1980) 

Alors qu'au Québec, l’esprit critique triomphait au point de devenir une menace pour l’esprit lui-même, Jacques Dufresne fonda la revue Critère (sans s); et alors que le nationalisme québécois prenait de la force en se modernisant, Jacques Dufresne donna l’exemple d’un nationalisme ouvert en faisant de la nouvelle revue une aventure interdisciplinaire et internationale, ce qui valut à Critère dès ses débuts, un article élogieux de René Lévesque, futur Premier ministre du Québec.

Jacques Dufresne s’enthousiasma pour l’idéal de troisième culture, synthèse de la culture littéraire et philosophique et de la culture scientifique et technique. Le développement de cette culture était au centre de la mission que le législateur avait assignée à ces nouvelles institutions, les cégeps, intermédiaires entre le secondaire et l’université. La revue Critère a porté la marque de cette troisième culture.

Sensible au reproche souvent fait aux intellectuels québécois d’être repliés sur eux-mêmes, Jacques Dufresne s’empressa de créer un climat tel qu'un intellectuel québécois, peu connu même dans son milieu, signe un article à côté d’un article de René Dubos ou d’Edgar Morin.

Les principaux numéros de la revue Critère, sur l’Environnement, la Santé, la Ville, le Pouvoir local et régional, etc. ont servi de document d’exploration pour l’organisation de colloques internationaux sur les mêmes sujets. L’organisation de ces colloques de trois jours apparaît rétrospectivement comme un défi sans précédent. Il ne s'agissait pas de congrès de spécialistes d’une discipline, mais de colloques interdisciplinaires. Or, il n’y avait pas à ce moment de cadre administratif pour l’organisation de tels événements.

Le premier de ces colloques intitulé «Pour un nouveau contrat médical» fut tenu au centre d’arts d’Orford, en juin 1975 et servira de modèle pour les nombreux colloques qui suivront. Ce colloque était prémonitoire, l'évoquer c'est mettre en lumière les sources d’inspiration de Jacques Dufresne pour ce qui est de la santé et des systèmes de soins, comme en fait foi la liste des principaux conférenciers :

René Dubos, à qui l’on doit le premier antibiotique la gramicidine, des travaux critiques sur la médecine qui furent l’une des sources d’inspiration d’Ivan Illich, la formule penser globalement, agir localement, etc.

Archibald Cochrane, l’inventeur des Randomized Control Trials, ou essais randomisés qui devinrent le fondement de «Evidence Based Medicine»…. Archie Cochrane donna son nom à Cochrane Collaboration, l’organisme mondial actuel le plus rigoureux en matière d’évaluation des médicaments et des traitements.

Henri F. Ellenberger, psychiatre, criminologue et historien de la psychiatrie dont le grand ouvrage À la recherche de l’inconscient, traduit en plusieurs langues, est l’ouvrage de référence par excellence dans ce domaine.

Autres conférenciers : Jean Rochon, médecin et futur ministre de la Santé du Québec, Fernand Séguin, un journaliste scientifique reconnu du Québec, Jean-Paul Escande, médecin et essayiste français, JeanTrémolières, médecin nutritionniste français réputé.

Autre trait de la philosophie de l'organisation de Jacques Dufresne : la large place faite à la musique et aux arts au cours des colloques : à titre d'exemple, au cours du colloque, le poète chanteur Gilles Vigneault et l’ensemble de musique ancienne Claude Gervaise montèrent un spectacle sur la musique et les chansons à boire et à manger des siècles passés. On en tira un disque qui se vendit à 40 000 exemplaires

Sous l'apparente diversité des engagements et des actions publiques de J.D., il faut lire une pensée directrice constamment préoccupée par le respect de la vie humaine et de la nature. D'où le regard critique qu'il porte, très particulièrement, sur une médicalisation et une médication excessive contraire au grand principe d'Hippocrate : D'abord, ne pas nuire! Et sur tous les phénomènes sociaux contraires au bien-être de l'être humain :la judiciarisation invasive qui brime sa liberté; l'emprise d'un système technicien qui érode son humanité; les destructions de l'éco système qui hypothèquent son avenir jusqu'aux travaux et aux sports extrêmes qui menacent son équilibre physique et spirituel.

 

Chez J.D., les actions bénéfiques ont toujours été le fruit de ses analyses critiques de la société: En témoignent les colloques de de 1972 à 1980 qui portèrent sur les thèmes suivants : l’Environnement, la Ville, le Pouvoir local et régional, la Déprofessionalisation, la Religion et connurent un succès comparable à celui du colloque sur la santé. On y retrouvait le modèle du premier colloque à savoir : au préalable, des articles rédigés par les meilleurs penseurs dans la revue Critère sur le thème du colloque. Et leur diffusion dans le grand public grâce aux médias qui s’y intéressèrent, journaux, radios, chaînes de télévision. Le colloque sur la santé, par exemple, fut l’objet d’une émission d’une heure à la télévision de Radio-Québec.
  

L’INSTITUT QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE SUR LA CULTURE (1980-1984)

UN ÉPISODE UNIVERSITAIRE DANS LA CARRIÈRE DE JACQUES DUFRESNE.
Ces années consacrées à la recherche succédant à l'enseignement et à l'administration furent pour Jacques Dufresne une occasion de travailler sous la direction de Fernand Dumont. À ce moment, Jacques Dufresne avait déjà ébauché un projet d’encyclopédie. Fernand Dumont de son côté avait déjà mis en chantier une série de grands traités destinés au monde universitaire. Il confia à Jacques Dufresne la responsabilité d’un traité d’anthropologie médicale, ouvrage monumental de plus de 2000 pages écrites par une quarantaine de collaborateurs de diverses disciplines : depuis la génétique jusqu’à la géographie de la santé, en passant par l’éducation physique et bien entendu l’anthropologie médicale proprement dite. Le traité fut publié en 1985 simultanément aux Presses de l’université du Québec et aux presses de l’Université de Lyon. Le tirage fut de 4000 exemplaires.

Jacques Dufresne termina son séjour à l’IQRC en publiant deux essais dans la collection «Diagnostic» dont il fut le directeur pendant deux ans.
Le premier, La reproduction humaine industrialisée, parut en 1986. C’était l'une des premières incursions dans le monde francophone dans le domaine des biotechnologies. Ce livre valut à son auteur d’être invité à un colloque sur la bioéthique en France et de participer en tant que conférencier à un colloque organisé par le Conseil du statut de la femme, dirigé par Francine McKenzie de regrettée mémoire, sous le titre «La maternité en laboratoire».

Jacques Dufresne avait été marqué par la Némésis médicale d’Ivan Illich, un brûlot qui fut l’une des premières critiques percutantes d’une médecine devenue triomphaliste au point de tenir pour négligeables les maladies dont elle était elle-même la cause : les maladies iatrogènes. Jacques Dufresne craignait au même moment que la prolifération des poursuites judiciaires à l'américaine (la judiciarisation) atteigne le Québec et le Canada. Il appliqua au droit la méthode qu'Ivan Illich avait appliquée à la santé, à l’énergie et à l’éducation. Il en résulta un livre Le procès du droit. Par la suite, la Chambre des notaires offrit à l'entreprise L'Agora Recherches et Communications un partenariat dans l'organisation d'un colloque international sur ce thème en 1991. Et à la même époque J.D. fit partie d’un comité aviseur dans le cadre du projet de réforme du code civil du Québec. Le sommet eut lieu en 1992.  Dans les Actes du Sommet de la Justice,  Jacques Dufresne signa un articlee intitulé La judiciarisation,
 

TRANSITION VERS L’ENTREPRISE PRIVÉE

Le début de la décennie 1980 fut difficile sur le plan économique, au Québec en particulier. Ce fut l’occasion pour Jacques Dufresne d’organiser un colloque sur le thème «Crise et leadership» en 1983 en partenariat avec l’École nationale d’administration publique du Québec (ENAP) Un livre collectif fut publié sur le même thème. Et une série d’émissions de télévision eut lieu où Jacques Dufresne interviewait quelques-uns des hauts fonctionnaires les plus compétents du Québec.

 

L’AGORA RECHERCHES ET COMMUNICATIONS

L'Agora Recherches et Communications inc. créée en 1984 par Jacques Dufresne et Hélène Laberge, reprit comme entreprise indépendante et en assumant tous les risques financiers le modèle des colloques antérieurs de la revue Critère. En partenariat avec divers ordres professionnels dont ceux des physiothérapeutes, infirmières, nutritionnistes, l’Agora organisa une série de trois colloques sur les médecines douces, aussi appelées thérapies alternatives. Le premier eut lieu au Centre d’arts d’Orford (1985), dans les Cantons de l'Est, (une région où vivent les Dufresne depuis 1972), puis au Centre des congrès de Québec (1986) et enfin à l’Hôtel Bonaventure de Montréal (1987).
 
Ces colloques qui attirèrent chaque fois plus de 600 participants marquèrent le début de l’institutionnalisation de plusieurs thérapies dont celle des sages-femmes, l’acupuncture, etc. Au début de la décennie 1980, on ne trouvait pas de médicaments homéopathiques au Québec. L'un des colloques fut au cours de la décennie suivante la porte d'entrée des Laboratoires Boiron dans de nombreuses pharmacies du Québec.

D'autres colloques furent organisés qui, compte tenu du thème, attirèrent un nombre plus restreint de participants. Ce fut le cas du colloque «L’homme et l’animal», tenu en 1986 au Centre d’art d’Orford, et qui porta sur le sort fait aux animaux de la ferme et aux animaux de laboratoire. Ce colloque permit à des activistes isolés de faire connaissance et de fonder ensemble des mouvements, telle l’UQROP, l’union québécoise pour la réhabilitation des oiseaux de proie, toujours active. Pour Jacques Dufresne ce colloque marqua aussi le début d’une longue amitié avec le cinéaste Frédéric Back.
En 1987, L'Agora organise un colloque ayant comme thème : «L’éducation, le temps des solutions», auquel participèrent notamment le philosophe français Jean-Jacques Wunenburger et le philosophe américain Allan Bloom, auteur de l’Âme désarmée, qui fut aux États-Unis l’équivalent d’un manifeste en faveur de la culture classique. Ce colloque contribua au développement au Québec des écoles internationales et des écoles à vocation particulière. À quoi on reconnaît le souci constant chez Jacques Dufresne d’associer l’action à la réflexion. En 1991, un colloque intitulé «Mourir avec dignité», organisé en collaboration avec l’Ordre des infirmières du Québec, fut un moment fondateur dans le débat sur l’euthanasie qui se poursuit au Québec en ce moment, en 2014. Les actes parurent sous la forme d’un ouvrage collectif intitulé Le Chant du cygne.

L’Agora organisa un colloque en 1994 sur le «L'avenir du système de santé québécois», cette fois en collaboration avec la Fédération des CLSC, (centre locaux de services communautaires).
 

LES ROUTES DU SAVOIR (1987-1989)

En 1987, une occasion extraordinaire de franchir une autre étape dans son projet de culture générale se présente à Jacques Dufresne. Le CEC qui était à la recherche d'un vaste projet culturel donne son adhésion à la publication d'un projet encyclopédique dont le titre retenu est les Routes du savoir, une métaphore inspirée par les routes des vins.

L’équipe de l’Agora met immédiatement en chantier une série de six fascicules : la Vie, le Cosmos, la Santé, la Musique, la Nourriture, l’Ordinateur. Plusieurs d'entre eux furent rédigés. Mais l’éditeur qui avait consenti une généreuse avance de fonds aux auteurs dut mettre fin au projet avant terme à cause des progrès rapides de ce qui allait devenir l’Internet. L'impression sur papier s'avérait d'ores et déjà coûteuse et peu rentable! Pour Jacques Dufresne ce fut une occasion de mettre ses connaissances à jour en biologie, en physique, en astro-physique et en informatique. L’idéal d’une impossible et nécessaire culture générale subsistait. Cet idéal demeurerait dans le champ du possible dans la mesure où l’on pourrait identifier, dans chaque grand domaine du savoir, les connaissances essentielles qui permettent de comprendre lereste. Dans le cas de l’ordinateur, par exemple, une fois que l’on a compris le système binaire, certaines découvertes de l’électromagnétisme dont celle de l’aimantation permanente et la logique de Boole d’une part, et le fonctionnement d’un transistor d’autre part, on a atteint l’essentiel : on sait qu'un ordinateur est une boussole qui se souvient : la suite se réduit aux prouesses techniques de la miniaturisation.

Le contenu des fascicules déjà bien amorcé : cosmos, santé, musique, nourriture et ordinateur allait enrichir l’un de nos sites encyclopédiques.

 

LE MAGAZINE L’AGORA (1993 À 2006) 

Ne pouvant se résigner à être réduit au silence, Jacques Dufresne en collaboration avec Hélène Laberge, lança en 1993 le magazine L’Agora, une publication sur papier journal de format tabloïd publiée au rythme de 10 numéros par année pendant 5 ans. En novembre 1993 l’Agora publia en édition spéciale le rapport du groupe Réflexion Québec, un groupe non partisan dû à l’initiative de Mario Dumont et de Jean Allaire lequel s’était assuré de la participation de Claude Béland, Jacques Proulx, Linda Cardinal, Alain Gagnon, etc.

À partir de 1998 le magazine parut au rythme de 4 numéros par année. Et en 2006, les coûts d'impression étant devenus trop élevés, l'édition papier fut supprimée et bientôt par la Lettre de l’Agora, un bulletin mensuel en ligne.

 

Les sujets traités dans ce magazine servirent par la suite à alimenter l'Encyclopédie de L'Agora créée en 1998 : l’éducation, le sport, l’inaptitude, la santé mentale, le travail. Ce dernier sujet donna lieu à un cahier spécial intitulé Métier et management. Rédigé en collaboration avec un professeur des HEC, Alain Chanlat, ce cahier servit pendant des années de manuel scolaire dans cette institution.

 

 

LA RECHERCHE SUR LES INFOROUTES ET L’AVENIR DU QUÉBEC.

En 1995, le gouvernement du Québec confia à l'Agora le mandat de réfléchir sur l’impact qu'aurait Internet sur la société québécoise, occasion pour J.D. d'approfondir ses connaissances dans ce domaine. Chaque fois qu'un nouveau médium apparut, cinéma, radio, télévision notamment, il se trouva dans le continent anglo-saxon encerclant le Québec, et en Ontario en particulier, des prophètes de l’uniformité qui annoncèrent la fin du fait français en Amérique. Et chaque fois, au lieu de se laisser submerger, les francophones, sous le leadership du Québec, firent jouer les nouveaux outils à leur avantage. À quelles conditions la même résilience serait-elle possible dans le cas d’Internet? L’Agora organisa 12 séminaires avec divers spécialistes pour étudier cette question et déposa un rapport complet de 800 pages contenant leurs divers points de vue..

L’un de ces séminaires porta sur le projet d’un grand portail national des connaissances sous la responsabilité des universités et des centres de recherche. La proposition ne fut pas retenue par le gouvernement du Québec. Quant aux recommandations destinées au monde de l’éducation, on peut les résumer dans ce slogan : «une heure d’écran, une heure de nature». L’Agora recommanda notamment que pour contrer l'influence que le Web commençait à exercer sur les enfants,on donne plus d’importance aux sciences de l’observation dans les programmes scolaires.

Pour rendre les résultats de la recherche de L’Agora accessibles au grand public, Jacques Dufresne publia en 1999 un livre intitulé Après l’homme, le cyborg? Ce livre contenait l’une des premières mises en garde contre le mouvement transhumaniste et indiquait l’orientation qu'allaient prendre désormais les travaux de Jacques Dufresne.

L’ENCYCLOPÉDIE DE L’AGORA 

La recherche sur les inforoutes avait appris à Jacques Dufresne qu'une année perdue dans ce nouvel univers équivalait à dix ans dans l’ancien. C’est pourquoi il profita des avantages que lui donnait cette recherche pour lancer dès 1998 l’Encyclopédie de l’Agora sur Internet. C’était le premier grand site encyclopédique en langue française et il fut lancé quatre ans avant Wikipedia avec de modestes moyens. Si, pour accroître sons succès, la petite équipe de l’Agora avait été tentée par l’idée d’un vaste projet participatif et neutre selon la formule de Wikipedia, elle aurait fait fausse route. À l'origine même de son projet, J.D. voulait faire de L’Encyclopédie de l’Agora une oasis de sens, un haut lieu de cohérence conforme à la ligne directrice de sa pensée et de ses actions. L’universalité comprise dans le terme même d'encyclopédie i.e. la prise en compte de toutes les connaissances, allait être sacrifiée à l’unité, condition du sens, et sur un plan plus concret, plus politique, condition de la résistance aux tendances s’imposant par leur force plutôt que par leur qualité.

Rares sont les auteurs qui, dans ce contexte, sont disposés à s’intégrer à un projet dont la ligne directrice est clairement affirmée. Pour pallier cette difficulté, Jacques Dufresne eut l’idée d’inciter les auteurs à créer des encyclopédies spécialisées autonomes, mais ayant assez d’affinités avec la vision du monde de l’Agora pour s’intégrer à l’ensemble des sites gravitant autour d’un nouveau noyau central créé en 2011 : le portail Homo Vivens. Jacques Dufresne avait compris, dès la fin de sa recherche sur les inforoutes, que le grand défi à relever désormais était de défendre l’homme en tant qu'être vivant contre le cyborg, l’homme machine. Il ne s’agissait pas pour lui de renoncer aux fins de L’Encyclopédie de L’Agora mais de les préciser. Défendre l’incarnation contre l’emmachination. Cette orientation est désormais familière aux lecteurs de la Lettre de l’Agora.

L’Encyclopédie sur la mort, fondée et dirigée par le professeur Éric Volant, l’alter dictionnaire médico-pharmaceutique bilingue, fondé et dirigé par le docteur Pierre Biron, le dictionnaire du cinéma anglo-saxon, fondé et dirigé par Jean Philippe Costes sont de bons exemples de ces sites autonomes. L’Encyclopédie sur l’inaptitude, et l’Encylopédie de la francophonie, toutes deux sous la responsabilité de Stéphane Stapinsky, ont été réalisées en partenariat, la première avec la Curateur public du Québec, la seconde avec Ministère de relations internationales du Québec.

FRÉQUENTATION

La fréquentation de l’ensemble des sites de l’Agora est de 12 000 visites par jour (données de janvier 2014). Le nombre de visites depuis le lancement en 1998 dépasse largement 150 millions.

LE PROJET PHILIA

Al Etmanski est l’un de ceux qui, au Canada anglais, ont joué un rôle de premier plan pour améliorer le sort des personnes vivant avec un handicap. Il a notamment fondé PLAN Advocacy Network, un réseau de parents d’enfants touchés par un handicap. En 2000, il a fondé avec entre autres Jacques Dufresne, Hélène Laberge, Vickie Cammack et Sam Sullivan, ex-maire de Vancouver, un groupe de réflexion sur les grandes questions sociales, plus précisément sur la façon dont les personnes vivant avec un handicap peuvent enrichir la société en s’y intégrant davantage. Le groupe adopta le nom de Philia, dans le sens aristotélicien d’amitié qui unit les membres d’une communauté. La contribution de Jacques Dufresne porta principalement sur le développement organique par apposition à l’engineering social. La vie naît de la vie, se plaisait-il à répéter. Le plus beau plan rationnel ne la fera jamais naître. C’est dans ce contexte que le magazine L’Agora publia un numéro spécial sur la «Résilience» et un autre sur «l’État, le marché et la philia», le mot philia prenait alors le sens de société civile ou de troisième secteur. Ce numéro spécial faisait suite à un colloque sur le même sujet tenu en 2003. La question posée était la suivante : comment faire en sorte que l’espace convivial, envahi d’un côté par le marché, de l’autre par l’État ne rétrécisse pas comme une peau de chagrin. La dernière contribution de Jacques Dufresne au projet Philia fut la création d’un site bilingue sur l’Appartenance.

LES SOURCES D’INSPIRATION 

GUSTAVE THIBON ET SIMONE WEIL

Jacques Dufresne fit la connaissance de Gustave Thibon dans sa belle-famille, qui recevait les conférenciers de l’Alliance française. Heureuse rencontre qui lui permit de voir qu'on pouvait être à la fois catholique et parfaitement libre. Jacques Dufresne connaissait déjà Simone Weil. Thibon qui l’avait hébergée chez lui, qui était liée à elle par la plus authentique amitié, lui parla d’elle avec un tel naturel qu'elle devint pour lui aussi une présence amicale. Gustave Thibon de son côté s’empressa de recommander Jacques Dufresne à une philosophe, Mme Jeanne Parain Vial qui connaissait bien les écrits de Simone Weil. Elle accepta de diriger sa thèse. Les nombreux articles que Jacques Dufresne a écrits sur Simone Weil et Gustave Thibon donnent une juste idée de ce que ces deux êtres furent et demeurent pour lui.

RENÉ DUBOS 

«Allo, ici René Dubos !» C’est ainsi que Jacques Dufresne fit la connaissance de René Dubos qui devint son maître en biologie, en médecine et en écologie. Le découvreur du premier antibiotique, la gramycidine, destinée aux animaux, l’auteur de Nous n’avons qu'une terre, le co-président de la conférence de Stockholm n’avait même pas de secrétaire à cette époque. Jacques Dufresne entrait timidement en contact avec lui pour l’inviter à un colloque sur la santé. Il en résulta des rapports amicaux entre eux. Jacques Dufresne l’invita à plusieurs reprises par la suite au Québec. Hélène Laberge et lui le reçurent chez eux en Estrie. Ils eurent bientôt la surprise de recevoir un livre de René Dubos et Jean-Paul Escande, Quest, qui leur était dédié!

Jacques Dufresne de son côté avait rédigé l’article René Dubos de l’Encyclopédie Universalis. C'est à Dubos qu'il faut attribuer le slogan «Penser globalement, agir localement.» Lire sur Internet l'article «René Dubos ou le juste milieu »par Jacques Dufresne.

IVAN ILICH

C’est en lisant Némésis médicale d’Ivan Illich, que Jacques Dufresne avait découvert Philippe Ariès et René Dubos. Il a rencontré Illich au début de la décennie 1970 à l’occasion d’un séminaire tenu à Niagara en Ontario. Il le reverra souvent pas la suite à la Penn State University, puis en Californie. Il l’invitera à plusieurs reprises au Québec. Illich lui fit d’abord découvrir l’importance de l’autonomie et les dangers que les experts, regroupés dans de puissantes professions, font peser sur elle et par la suite Illich l’initia aussi à une critique de la technique à laquelle il avait lui-même été initié par Jacques Ellul. Jacques Dufresne présenta un jour Illich comme le Socrate du village global.

HENRI F. ELLENBERGER 

Henri F. Ellenberger, psychiatre et historien de la psychiatrie, fut aux yeux de Jacques Dufresne l’intellectuel pur au plus beau sens du terme : l’homme qui pense ce qu'il voit au lieu de voir ce qu'il pense. C’est à lui qu'il fit appel quand vint le moment de préparer un numéro de la revue Critère sur le crime. L’ordinateur lui avait révélé une bibliographie de 1 mètre d’épaisseur! Pris de panique, il demanda un rendez-vous au professeur Ellenberger. Il sortit de son bureau avec un plan détaillé pour son numéro. Dubos, Illich, Ellenberger , irremplaçables maîtres, surtout dans un contexte où chacun a accès à une surabondance de données.

FRÉDÉRIC BACK

On est attaché à Frédéric Back à cause de son amour de la vie, celle des cultures comme celle de la nature. Il est l'homme qui plantait des arbres; mais aux yeux de Jacques Dufresne, Frédéric Back est avant tout un métaphysicien, comme on le voit dans son film Tout, rien, sur les origines de l'homme et plus précisément sur l'envie dont il est dévoré et qui l'incite à tout dévorer autour de lui.

ANDRÉ BRUYÈRE 

Reçu à un dîner en compagnie de plusieurs autres conférenciers invités au colloque de Critère «Vivre en ville», l’architecte français André Bruyère dit à Jacques Dufresne :« Savez-vous que le métier d’organisateur de colloques est le plus beau métier du monde» C’est un privilège royal que de pourvoir ainsi réunir des sommités du monde entier à sa table!». Le plus beau privilège, qui n’est pas moindre, c’est de découvrir de vrais amis parmi ces sommités. Jacques Dufresne et Hélène Laberge ne passeraient plus par Paris sans être reçus chez André et Boba Bruyère et sans avoir une nouvelle occasion d’admirer les œuvres de cet artiste pour qui l’architecture est «une tendresse moulée sur une contrainte».

GRATITUDE DE JACQUES DUFRESNE À L’ENDROIT DE :

JEANNE PARAIN VIAL 

Cette universitaire ne se limita pas à l’initier à Platon et à lui imposer la discipline qui lui permit de terminer sa thèse dans les délais prévus, elle poussa la générosité jusqu’à révéler à Jacques et Hélène Dufresne l’art de vivre français. Elle les invitait régulièrement à déjeuner chez elle le dimanche. C’est à sa table qu'ils firent la connaissance du philosophe Gabriel Marcel, dont elle était une disciple. Au menu invariablement : gigot d’agneau, gratin dauphinois, morilles, salades du jardin et fromages frais. Et après le repas, aussi invariablement, longue promenade dans les collines du voisinage. Mme Parain Vial était aussi musicienne et mélomane et son mari, un fin lettré.

YVES MARTIN 

Cet homme avait été sous-ministre en titre de l’éducation et il était recteur de l’Université de Sherbrooke et président du conseil de Télé Québec, quand il accepta de présider le conseil de la jeune revue Critère. Depuis ce temps, et maintenant plus que jamais, dans les moments difficiles comme dans les moments heureux, il fut pour Jacques Dufresne un mentor aussi efficace que discret et désintéressé.

FERNAND DUMONT

Jacques Dufresne a connu cet universitaire qui jouissait de la meilleure réputation au Québec au moment ou il devint directeur de l’Institut québécois de recherche sur la Culture après avoir été professeur de sociologie à la Faculté des sciences sociales de l'Université Laval. Dumont qui fut l’ami intime de Yves Martin accorda à Jacques Dufresne une confiance qui pouvait paraître démesurée, en lui confiant la responsabilité d’un Traité d’anthropologie médicale.
C’est à l’invitation de Jean-Paul Desbiens que Jacques Dufresne eut sa première chronique dans le journal La Presse. Philosophe et écrivain, Desbiens fut entre autres l'un des fondateurs d'une revue remarquable L'Analyste.

BENOIT LEMAIRE

À la mémoire de cet ami récemment décédé dont l'amitié avait été scellée par une amitié commune pour Gustave Thibon. Benoit Lemaire est l’auteur d’une thèse de doctorat intitulé Gustave Thibon ou l'espérance sans illusions.
Autre homme sur qui J.D, a pu faire fond inconditionnellement. Il eût maintes occasions de le démontrer à Jacques Dufresne.

JACQUES LANGUIRAND

Pendant plus de 20 ans Jacques Languirand a accompagné avec un intérêt amical Jacques Dufresne dans ses travaux, sur la résilience notamment, dans sa célèbre émission radiophonique Par quatre chemins!

PREMIER GRAND VOYAGE

En 1961, il a été l'un des deux délégués de la FNEUC (Fédération nationale des étudiants canadiens) à un congrès international d'étudiants tenu à Concepción au Chili. Ce fut l’occasion pour lui de séjourner dans plusieurs pays d’Amérique latine et de parfaire ses connaissances de la langue et de la culture espagnoles.

BIODÔME

En 1989  Jacques Dufresne fut invité à faire partie de Conseil international des sages qui suivit l’évolution du projet de Biodôme présenté par Pierre Bourque. Il avait au préalable présenté dans divers articles quelques bons arguments en faveur de ce projet. Son nom est resté discrètement associé à ce musée de la vie.

CD-ROM UNESCO

En 1999, l’UNESCO a inséré l’histoire de l’ordinateur et d’internet de l’Encyclopédie de l’Agora à un CD-Rom distribué gratuitement à 300 000 exemplaires dans les pays les plus pauvres

INTELLECTUEL PUBLIC

Dans son premier numéro, paru en janvier 2012, la revue Philosophie & Cie, dirigée par Giovanni Calabrese, président des éditons Liber, présente Jacques Dufresne, «homme d’action et esprit libre» comme l’intellectuel public le plus marquant de sa génération.

PRÉSENCE DANS LES MÉDIAS

JOURNAUX, RADIO ET TÉLÉVISION

Parallèlement à ces diverses actions, J.D, eut une chronique hebdomadaire d'abord dans le journal Le Devoir, de 1978 à 1982 puis dans le journal La Presse, de 1984 à 1992.

Entre 1970 et 1992, chacun des colloques de Critère puis de l’Agora eut son écho à la radio et à à la télévision. Quelques grands moments : au cours de la décennie 1970, Télé Québec présenta une longue série d’émissions sur le sens de la vie dans lesquelles Jacques Dufresne eut le premier rôle. Rares sont les interviews à la radio qui durent plus de quelques minutes. Jacques Dufresne eut l’occasion de donner à la radio de la Société Radio-Canada, vers la fin de la décennie 1970, une interview de 2 heures sur le thème du Bonheur, qui fut diffusée et rediffusée puis reprise par fragments pendant plusieurs années. À la télévision de la SRC, il fut aussi invité à l’émission Rencontre.


CONTROVERSES

LE DÉPISTAGE DU CANCER DE LA PROSTATE

Jacques Dufresne fut au cœur de la controverse sur le dépistage du cancer de la prostate. Se reporter aux articles sur ce sujet dans l'Encyclopédie de L'Agora.

LE CONFORMISME DE L’ANTICONFORMISME EN ART

Dans ce cas, Jacques Dufresne prit la défense des peintres figuratifs qui étaient à ce moment, nous sommes en 1985, pratiquement exclus des programmes de subventions gouvernementales. Les non conformistes, émules du peintre Paul-Émile Borduas, occupaient les postes clés et se renvoyaient l’ascenseur. Jacques Dufresne dénonça énergiquement ces manœuvres dans le journal La Presse. Il fut inondé de lettres aux deux tiers favorables à sa cause.

 

LIVRES


(Liste à compléter)

Le 100,000ième exemplaire, essai sur la magie du nombre, Éditions du Jour, Montréal, 1974

La reproduction humaine industrialisée, IQRC,
(premier ouvrage en français sur ce sujet), 1986.

Le procès du droit, IQRC, 1987.

Le courage et la lucidité, Essai sur la constitution du Québec souverain, Septentrion, 1990.

La démocratie athénienne, miroir de la nôtre
, La Bibliothèque de L’Agora, 1994.

Après l’homme le cyborg ?Éditions Multimondes, 1999.

Thomas More, Fides, 2002.

 

Ouvrages collectifs :

Crise et leadership, les organisations en mutation, sous la direction de Jacques Dufresne et Jocelyn Jacques, Éditions du Boréal, Montréal 1983

Traité d’Anthropologie médicale, sous la direction de Jacques Dufresne, Fernand Dumont, Yves Martin, Presses de l’Université du Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, Presses Universitaires de Lyon, 1985.

Le chant du cygne, sous la direction de Jacques Dufresne, publié à l’occasion du colloque Mourir avec dignité, 1991.

Les Actes du Sommet de la Justice, Annexe 1, La judiciarisation par Jacques Dufresne, p.41 è 77,  Ministère de la justice, gouvernement du Québec, 1993.

Regard critique sur les sciences sociales au Québec
. Un article publié dans Continuité et ruptures. Les sciences sociales au Québec, tome II, chapitre 33, pp. 597-603. Textes réunis par Georges-Henri Lévesque, Guy Rocher, Jacques Henripin et al. Montréal: Les Presses de l'Université de Montréal, 1984, 670 pp. (t. 2 : pp. 311-670).

Le projet encyclopédiste sur l’inforoute, entretien avec Jacques Dufresne, in Philosopher au Québec, Québec, Presses de l’Université Laval, 2007

Articles

Périodiques 

De nombreuses contributions à diverses revues
Revue l’analyste
No 22, été 1988, La civilisation in vitro p.50-52.

Revue Argument

Mars 2001, Simone Weil ou la synthèse de la méthode et de la purification.

Mars 2002 Dossier autour d'un livre: après l'homme... le cyborg de jacques dufresne
 
La revue Critère – Liste des articles de Jacques Dufresne

Le magazine l’Agora – Liste des articles de Jacques Dufresne


Liste à compléter


Journaux

La Presse – Liste des articles, de 1984 à 1992

Conférences

Jacques Dufresne a sans doute donné quelques centaines de conférences surtout au Québec, mais aussi dans le reste du Canada et à l'étranger. On en retrouve quelques-unes dans l'Encyclopédie de l'Agora, notamment celle qu'il prononça à l'occasion de la Journée de l'informatique du Québec, le 7 novembre 2007 sous le titre La révolution du direct, l'informatique comme méta profession.

 

 

Témoignages

Portrait de Jacques Dufresne par l’historien Philippe Ariès

Jacques Dufresne ou le projet encyclopédiste, par André Baril

Pour saluer Jacques Dufresne, par Giovanni Calabrese

Jacques Dufresne, chevalier errant de l’intelligence, par Gilles Paquet

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