Alan Watts

Voici comment en 1968, Jacques Mousseau présentait Alan Watts dans la revue Nouvelle Planète

« À travers l’œuvre d’Alan Watts court la préoccupation de jeter un pont entre pensée occidentale et pensée orientale.

En Amérique, Alan Watts est devenu l’un des maîtres à penser de la jeunesse, non seulement des hippies de San Francisco et de New York, mais des étudiants des campus. Watts n’est pas allé au devant des consciences révoltées ou inquiètes. Depuis près de 30 ans, il poursuit la même quête. Soudain, sa vision du monde et de l’homme a rencontré la sourde interrogation qui s’élève de la jeunesse des deux continents.
Quantité d’étudiants viennent frapper à la porte du vieux ferry-boat dont il a fait sa demeure dans la baie de Sausalito. Ils assistent à ses séminaires de philosophie comparée. Ils l’accueillent dans leurs journaux et périodiques. The Oracle a organisé un débat entre le philosophe et Hermann Kahn, l’homme qui calcule des modèles de sociétés technologiques futures.

Alan Watts a passé le printemps et le début de l’été à se déplacer de campus en campus, où il parlait plus d’une philosophie de la vie, d’un art de vivre, qu’il ne faisait d’exposés dogmatiques sur tel ou tel système de pensée. Alan Watts, né le 6 janvier 1915, à Chislehurt (Grande-Bretagne), est docteur en philosophie et docteur en théologie. Avant d’émigrer d’Angleterre aux États-Unis, peu avant la guerre, il était pasteur de l’Église anglicane. Après avoir abandonné son ministère, il a passé plusieurs années au Japon où il a étudié le bouddhisme zen. Depuis la guerre, il a enseigné dans les universités américaines de Harvard, Cornell, Hawaii. Des millions d’auditeurs suivent ses conférences à la radio. Enfin, il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur la philosophie et la religion comparées ».

Lire ensuite une interview d'Alan Watts par Jacques Mousseau

 

Sur la Nature, extrait de Amour et connaissance.


« Il apparaît de plus en plus que nous ne sommes pas placés dans un monde morcelé. Les grossières divisions entre esprit et nature, âme et corps, sujet et objet, sont de plus en plus considérées comme des fâcheuses conventions de langage. Ce sont des termes boiteux qui ne s'appliquent plus à un univers où tout est en interdépendance, un univers qui se présente comme un vaste complexe de relations subtilement équilibrées.

La nature a un caractère intégralement relationnel, et une interférence en un point déclenche d'imprévisibles réactions en chaîne ».

« Au centre de cette nouvelle manière d'envisager les choses, on trouve l'idée d'un monde unitaire sans le moindre raccord, tissu d'interractions mutuelles, où une chose ne se comprend que rapportée à une autre et réciproquement. Il est impossible, dans cette perspective de considérer l'homme isolément de la nature ».

« Dans cette nouvelle façon de penser, esprit et matière se résolvent en processus, tandis que les choses se trouvent changées en évènements.

La découverte de notre totale imbrication avec la nature est d'une telle portée que la compréhension du noeud de relations revêt une importance primordiale, qui impliquerait de comprendre la nature "de l'intérieur" ».

« La conscience d'une solidarité indissoluble de l'homme avec la nature peut être accablante pour certains. Elle apparaît humiliante à une civilisation où l'homme a toujours été considéré comme le couronnement de la création et son "maître et possesseur" ».

« L'Occident professe une philosophie tournée vers le futur, mais son attitude effective est en contradiction avec cet idéal. Sa vue ne porte guère au-delà du lendemain puisqu'il exploite les ressources terrestres (et modifie l'environnement) avec une connaissance très fragmentaire du réseau de relations ainsi déséquilibré ».

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