Rite

Essentiel

«Toute oeuvre à faire, toute forme à développer, qu'elle soit d'esprit, d'âme ou de corps, nécessite la médiation de rites qui conduisent les formes vivantes hors du désordre spontané (educare signifie bien conduire hors de) et leur permettent de «prendre possession de la beauté» pour, reprendre l'expression qu'Aristote applique à l'arêtè. L'éducation ne saurait donc être coupée d'une sorte de dimension esthétique, liturgique même, des comportements. Etre éduqué c'est progressivement répéter des manières d'être; de faire, de parler, qui perfectionnent celui qui les acquiert jusqu'à ce qu'elles soient tellement intériorisées qu'elles vont constituer sa nature, sa seconde nature. Les conduites rituelles de l'école, parce qu'elles nous éloignent de la spontanéité appauvrissante, constituent une véritable stylisation de l'être, lui conférant une forme nouvelle, mûrie par le temps, épurée jusqu'à la beauté et qui sert alors d'idéal supérieur à atteindre. Les codes ritualisés qui doivent régir la vie à l'école, les rapports aux autres, les relations à soi, la rencontre avec la culture, deviennent un moyen insensible pour discipliner la subjectivité, pour l'orienter vers des formes communes où chacun se reconnais t. Loin d'être des sources de contraintes et de frustrations, les ritualisations libèrent chacun des innombrables et fastidieuses inventions de réponses face aux situations, et créent un langage commun à partir duquel chacun trouve l'occasion de sortir de soi. Les rites éducatifs sont les barreaux non d'une prison mais d'une échelle qui permet à l'âme de l'enfant de se fortifier dans la résistance, tout en balisant son chemin qui mène au dépassement de soi.»
Source: Jean-Jacques Wunenburger, La métamorphose de l'âme

Articles





Articles récents