Instituteur

Enjeux

Le 8 septembre 1990, la presse apprenait aux Français que les instituteurs s'appelleraient désormais professeurs des écoles. Ce nouveau titre (qui, dix ans plus tard, n'avait pas fait dispraître le précédent) a inspiré le commentaire suivant à monsieur Pierre Savinel: «Quelles écoles? Faut-il comprendre que la compétence des instituteurs devient universelle et qu'ils enseigneront aussi bien à l'école des guides de montagne qu'à l'École des Hautes Études ou dans les auto-écoles? [...] On disait maît' d'école (pas des écoles) autrefois, et l'appellation est restée longtemps dans les campagnes. Le mot instituteur, qui daterait de la Ie République, est encore plus beau (racine sto, se tenir debout). Instituere, c'est aider l'enfant à se mettre intellectuellement debout, à se construire, à s'élever (d'où: élève), à s'arracher à la pesanteur de l'analphabétisme. Et ce souci d'inspirer confiance non seulement à l'enfant, mais aussi à ses parents, surtout s'ils sont de condition modeste! Quelle leçon pour ces prétentieux, qui ne se soucient que de leur gloriole (et de passe-droits), préférant le public des congrès à leur classe, où pourtant trente jeunes enfants attendent d'eux la construction de leur intelligence, mieux encore les fondations de cette construction, dont route la suite de leurs études dépendra. L'écrivain Robert Sabatier exprimait récemment sa reconnaissance envers son directeur d'école primaire, auquel il devait, disait-il, l'essentiel de sa formation, et l'on se rappelle le beau et émouvant portrait qu'il en a tiré daps David et Olivier (BL 454).
Source: Pierre Savine, Le Bulletin des Lettres, 15 novembre 1990.

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