Kolboom Ingo

1947


Parmi les personnes qui poursuivent une carrière diplomatique au sens large du terme, on rencontre quelquefois, à côté des professionnels protocolaires, des diplomates du coeur. Ingo Kolboom en est un. Les premiers maintiennent de bons rapports entre les nations en suivant les règles du jeu, à la manière de Talleyrand, les seconds, en gagnant les coeurs, suscitent des attachements nouveaux entre les peuples. Ingo Kolboom a suscité chez bien des Québécois un tel attachement pour l'Allemagne; et comme il conserve ses qualités personnelles dans son propre pays, il y a suscité le même attachement pour le Québec.

Cette diplomatie tocquevillienne est un art séduisant mais difficile, où l'on risque fort d'échouer s'il n'y a pas de fondement sous le charme qu'on déploie. L'intérêt superficiel qu'on a suscité se transforme vite alors en indifférence sinon en méfiance. Ce fondement existe chez Ingo Kolboom.

Connaissez-vous Friedrich Rückert? Croyez-vous qu'il a beaucoup de lecteurs attentifs dans les universités du Québec? Ne serait-ce que parce que Schumann a mis plusieurs de ses poèmes en musique, ce poète allemand occupe une place au moins comparable à celle d'Octave Crémazie dans la littérature universelle. Octave Crémazie a eu plusieurs lecteurs attentifs en Allemagne,dont Ingo Kolboom. Quand on lit son article sur l'auteur du Drapeau de Carillon on ne peut qu'admirer le sérieux mythique de l'universitaire allemand en même temps qu'on est touché par une amitié si bien incarnée à l'égard du Québec.

Les Québécois ont cette amère expérience des petits peuples: on ne parle jamais d'eux à l'étranger, et quand on en parle c'est d'une façon vague et imprécise, en confondant par exemple le premier ministre du Québec et celui du Canada. Cette expérience donne tout son poids à l'expérience inverse, consistant à découvrir qu'un observateur étranger connaît mieux que nous notre littérature et tel auteur en particulier. C'est par cet intérêt incarné pour le Québec autant que par ses qualités personnelles, sa chaleur, sa vitalité rayonnante, qu'Ingo Kolboom a suscité tant de sentiments amicaux parmi nous.

C'est l'angle dans lequel il faut se placer pour apprécier à leur juste mesure les travaux d'Ingo Kolboom sur le Québec et le soutien qu'il lui a apporté. Cette encyclopédie contient de bons exemples de ces travaux, dont le dossier sur Crémazie.

Hommage à Alfred Grosser

Culpabilité et identité dans l'Allemagne d'après-guerre

De la nation canadienne française à la nation québécoise

Nation et identité nationale

Voici deux livres de notre ami et collaborateur: Akadien et Lieu de mémoire dans l'autre Amérique. Laissons aux Acadiens le soin de nous dire le profit qu'ils peuvent tirer du premier. Arrêtons-nous au second et mettons-nous pour le lire à la place d'un jeune étudiant allemand qui un jour fera des affaires au Québec. Ingo est l'un des co-éditeurs de ce livre; son principal mérite ici est d'avoir su repérer les universitaires allemands capables de donner suite à son interprétation de Crémazie pour dessiner un portrait du Québec contemporain à partir de sa culture et plus précisément à partir de ses Lettres et de ses Arts.

Nous sommes le 28 septembre 2010. Hier soir Robert Lepage triomphait au Metropolitan de New-York suite à sa mise en scène audacieuse de Das Rheingold de Wagner: un représentant de l'autre Amérique venait d'opérer un rapprochement entre l'Amérique de New-York et l'Allemagne. Dans Lieu de mémoire, Hans-Jürgen Lusebrink nous révèle les affinités de Robert Lepage avec le Japon dans un article brillant et subtil intitulé: Robert Lepage Film Nô als multikulturelle FilsKomödie der Postmoderne.

Dans ce film, où les allusions au Québec et à ses référendums sont nombreuses, Lepage compare l'Exposition universelle d'Osaka en 1970 à celle de Montréal trois ans plutôt. Lüsebrink fait ressortir l'impression chromatique de l'époque d'où se dégage un constraste frappant entre les tons gris de Montréal et les couleurs éclatantes d'Osaka. «Lorsque je pense à cette époque, explique Robert Lepage, j'ai des souvenirs en noir et blanc, d'autres en couleur, c'est selon. En 1970, tout le monde avait encore la télévision en noir et blanc au Québec, sauf les plus riches et les journaux étaient strictement en noir et blanc. Par contre les expositions universelles des ces années psychédéliques, celle de Montréal comme celle d'Osaka, ont été des orgies de couleurs.[...]À cette époque dans le magazine Life, les couleurs étaient éclatantes, alors que le Québec avait encore un subconscient noir et blanc.»

Revenons à notre jeune Allemand. Quand il aura lu cet article sur Robert Lepage, il comprendra mieux le Québec contemporain que bien des confrères de ce même Québec. Et quand il aura lu les autres articles du livre, il se sera rapproché d'Ingo Kolboom sur le podium du Conseil de la langue française du Québec. La table de matière de ce livre est éloquente. En entrelaçant subtilement les faits, les mythes et les symboles en passant de Lepage à Dollard des Ormeaux, du Refus global à Menaud maître draveur, de Maria Chapdelaine à Jean-Charles Harvey, de Jean Lemoyne à Nicole Brossard, les auteurs dessinent une fresque qui rappelle celle de Robert Lepage sur les hauts murs du Vieux Port de Québec, une fresque écrite dont on se demande si les Québécois ont pu en dessiner une aussi complète et aussi vraie.

Cette diplomatie du coeur est si intelligente qu'elle devient la diplomatie nationale la plus efficace. Occasion de rappeler que le travail universitaire de haut niveau, même quand il s'agit des Arts et des Lettres, est aussi nécessaire à la prospérité des nations qu'à leur rayonnement. Si l'Allemagne ne trouve pas de pétrole dans son sous-sol, elle en obtient l'équivalent par sa culture et plus précisément par la qualité de ses études internationales. Grâce à Ingo Kolboom, le Québec est l'un des bénéficiaires de cette culture.

Chronologie

Jahrgang 1947, geboren in Hohenaspe/Schleswig-Holstein
* 1966-1968 Bundeswehr
* 1968-1975 Studium der Romanistik, Geschichte, Politikwissenschaft und Germanistik an den Universitäten Saarbrücken, Paris und Berlin (FU/TU), Licence ès lettres (Sorbonne), Staatsexamen für das Höhere Lehramt, Promotion in Geschichte
* 1975-1981 Wissenschaftlicher Assistent für Romanistik an der Technischen Universität Berlin sowie bis 1984 Lehrbeauftragter für Politikwissenschaft der Freien Universität Berlin und der Universität Hamburg
* 1983-1994 Forschungsdirektor und Leiter der "Arbeitsstelle Frankreich/deutsch-französische Beziehungen" im Forschungsinstitut der Deutschen Gesellschaft für Auswärtige Politik (DGAP), Bonn, daselbst 1984-1994 Koordinator des Ständigen Gesprächskreises Frankreich/deutsch-französische Beziehungen
* Trimester 1992/93 Gastprofessor für deutsch-französische Geschichte und Deutschlandstudien an der Université de Montréal (Kanada/Québec)
* Seit 1994 Professor für Frankreichstudien und Frankophonie an der TU Dresden (s.o.)
* Seit 1999/2000 Professeur associé am Historischen Institut der Universität von Montréal (UdM)
* 1999-2004 Präsident der Association internationale des études québécoises (AIEQ)
* Seit März 2006 Präsident der Sächsisch-Bretonischen Gesellschaft e. V.

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