Inceste

Enjeux

"Toutes les statistiques décrivant les atteintes sexuelles sur la personne de mineurs montrent la proportion importante des faits commis dans le cadre de l’entourage immédiat du mineur qu’il s’agisse du père, du beau-père, d’un frère ou d’un proche de la famille (les perversions d’ascendants féminins prennent d’autres formes, plus insidieuses, de l’ordre de manipulations psychologiques, sauf dans de rares cas de démence).

Les psychiatres soulignent aussi les caractéristiques propres de ce type de délit ou de crime: l’importance, pour le rétablissement de l’équilibre psychologique de l’enfant, de la reconnaissance du caractère gravement fautif de toute atteinte sexuelle y compris celles qui ne s’accompagnent pas de violences apparentes mais peuvent consister en de simples attouchements imposés dans un climat de prétendue séduction. Il convient donc d’abord de qualifier ces actes de transgression d’un interdit social valable pour tous afin qu’une parole adulte rétablisse avec la distinction entre le permis et l’interdit, le droit de l’enfant au respect de son intimité, et le délivre du sentiment de culpabilité qui accompagne généralement ces faits et leur révélation dans la famille.

Néanmoins, la fragilité de la psychologie des enfants impose une extrême prudence dans l’établissement des faits. D’une part, il s’agit d’éviter d’ajouter foi à des fantasmes, le cas échéant, induits par des manipulations de l’entourage: ne voit-on pas se développer, notamment dans des procédures de divorce, des imputations d’actes incestueux imaginaires, allégués pour les besoins de la cause. De même, certains médecins et certains avocats se seraient spécialisés, notamment aux Etats-Unis, dans la recherche de prétendus traumatismes subis dans l’enfance de la part de proches ou d’éducateurs pour réclamer des réparations rémunératrices. Mais, d’autre part, il convient de tenir le plus grand compte du sentiment de honte souvent éprouvé par les jeunes victimes d’abus sexuels de la part de proches et la peur des conséquences d’une révélation.

Aussi faut-il développer la formation des personnes susceptibles de recueillir les confidences de l’enfant et notamment la connaissance des méthodes d’analyse et d’évaluation fondées sur des expériences déjà probantes (analyse du vocabulaire, enfantin ou suggéré, incitation à l’explication à partir d’objets de projection: jouets, poupées, etc..., abstention de toute question suggestive...)."

Source: Mauvais traitements infligés aux enfants. Rapport. Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, Commission des questions sociales, de la santé et de la famille. Doc. 8041, 17 mars 1998. Rapporteur: Nicolas About (France, LDR)

Articles





Articles récents