Mitterrand François

1916-1996
Un jugement critique impitoyable sur les années Mitterrand :

«Que retenir du Mitterrandisme? Après les premières années (1981-1983) où l’illusion de "changer la vie" possédait encore certaine virtualité, vint le temps du grand retournement avec la conversion générale de la "gauche" au marché. Cet étrange renoncement, préparé culturellement et idéologiquement par l’imprégnation des valeurs et slogans 68tards (interdit d’interdire, vivre sans temps morts, jouir sans entraves), marqua la fin du politique et son abdication devant les forces de la technocratie et de l’économie. L’alibi européiste servant de carcan de fer à une politique de régression sociale et l’épouvantail du FN au maintien sous respiration artificielle d’un "peuple de gauche" transformé rapidement en "gauche people". (...)

Si François Mitterrand reste vraisemblablement notre dernier Président à posséder une stature d’homme d’État, dans la mesure où il avait le sens du passé, de l’Histoire et des lieux, ses fautes n’en sont que plus grandes. La sous-culture officielle qu’il fit promouvoir par Jack Lang, le règne du fric qui jamais ne fut aussi clinquant que sous son magistère, l’avènement du communautarisme (avec la vague SOS Racisme prônant le culte de la différence contre les valeurs républicaines d’intégration), le démembrement de la République (par le bas, via une décentralisation féodale, par le haut, via l’intégration européenne), la soumission de la France à l’hyper-puissance américaine (un refus français à la vendetta mondiale contre l’Irak aurait pu changer durablement le cours des choses) : autant de phénomènes qui devaient intimement lui déplaire mais auxquels il adhéra - ou pire qu’il impulsa - par lâcheté, par cynisme ou par "réalisme". Ce même "réalisme" qui le fit pétainiste en 40 quand de Gaulle choisissait la grandiose "déraison". Mitterrand a tout soldé, tout liquidé. Il ne croyait plus en la France. "Passer entre les gouttes" fut sa ligne de conduite pour lui comme pour le pays. On vit le résultat. (…)

Plus que les petits ou gros scandales - cellule des écoutes téléphoniques de l’Élysée, les diverses barbouzeries, les "affaires" profitant aux "copains et coquins", les mensonges, l’instrumentalisation du FN, etc. - c’est bel et bien la voie du déclin sur laquelle il embraya qui restera la faute historique du règne de Mitterrand. Bien sûr, il ne fit que suivre le chemin ouvert par Giscard d’Estaing, notre premier Président à s’enivrer à la "modernité", désormais véritable sésame de "l’action" politique. (…)»

source: Christian Authier, «Génération Mitterrand: vingt ans après», L’Opinion indépendante (date non précisée, début 2001; lien désactivé)

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