Laliberté Alfred

1878-1953
Né en 1878, Alfred Laliberté passe son adolescence sur la ferme de ses parents à Sainte-Elisabeth d'Arthabaska. Très tôt, il étonne ses proches en sculptant des figurines fort ressemblantes illustrant des personnes de son en-tourage. Une sculpture grandeur nature de Sir Wilfrid Laurier le révèle à toute la région des Bois-Francs. Le conseiller législatif Cormier l'incite à présenter son oeuvre à l'Exposition provinciale de Québec de 1894. Laliberté remporte un prix.

Deux ans plus tard, l'artiste s'installe à Montréal; au Conseil des Arts et Métiers, il suit des cours de Gratton, Carli, Dyonnet, St-Charles -et Franchère. A la fin de ses études, Laliberté gagne le premier prix d'honneur du Conseil des Arts et Métiers, prix qui comporte un séjour d'études en Europe. Il s'embarque à l'automne 1902, subventionné par une souscription organisée par La Presse.

A Paris, Alfred Laliberté s'inscrit chez Thomas et Injalbert. Malgré la présence d'amis comme Suzor-Côté, il n'est pas très heureux et ne peut s'exprimer pleinement. Rentré au pays en 1907, Laliberté devient professeur de modelage; il est très mal payé et totalement ignoré. A compter de 1909, le sculpteur connaîtra une certaine prospérité grâce à l'obtention de quelques contrats. La renommée de l'artiste s'accroîtra d'ailleurs jusqu'à sa mort en 1953.

L'oeuvre de Laliberté comprend deux parties distinctes: l'art offi-ciel des monuments et des statues où prime l'académisme, et l'art intime des statuettes qu'il crée pour son plaisir. Dans ses statuettes, Laliberté révèle une imagination débordante. C'est dans ces petits bronzes texturés, où la lumière joue sur les surfaces du matériau, que s'exprime le mieux l'artiste.

Les légendes et les coutumes traditionnelles constituent une véri-table mine d'informations pour l'histoire et la sociologie d'un peuple. Les va-riations régionales dans l'interprétation de thèmes communs soulignent le rôle joué par la distance séparant les diverses agglomérations.

Même si elles ne sont pas toujours basées sur des faits historiques vérifiables et ne sont, bien souvent, que le fruit de l'imagination des campa-gnards, les légendes n'en contribuent pas moins à parfaire notre connaissance de la mentalité de nos ancêtres. Comme la mythologie grecque, la légende ca-nadienne s'inspire parfois d'événements historiques et transforme certains per-sonnages en héros. La légende manifeste la plupart du temps une forte tendance moralisatrice en illustrant les punitions réservées à certaines fautes comme la danse, le blasphème, l'ivrognerie ou l'avarice. Par contre, la charité est souvent récompensée. Enfin, des phénomènes naturels sont fréquemment interprétés comme des interventions démoniaques.

A travers tous ces thèmes transpirent la religiosité et la naïveté d'un peuple jeune, vivant dans un pays hors de proportion avec l'humain. Grâce à sa sensibilité artistique et à son habileté pour le modelage, Alfred Laliberté a su exprimer le caractère, les attitudes et les sentiments des Canadiens français de son enfance.

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