Sous la Coupole

Édouard Montpetit
Ce texte est DÉPUBLIE jusqu'en 2005, l'auteur étant décédé en 1954.

(...) Quelques amis se réunissaient vers 1630 chez Conrart: Godeau disait ses vers, d'autres aussi; et l'on parlait littérature, nouvelles, affaires même; on échangeait des opinions, on se consultait. L'habitude fut bientôt prise de ces réunions, où des hommes ayant les mêmes préoccupations se communiquaient leurs idées. C'était un cénacle littéraire. Richelieu s'en empara: « Voilà la littérature dont je puis faire quelque chose, je vais l'organiser». Il l'organisa. Les amis commencèrent à tenir registre de leurs délibérations et, dès 1635, des lettres patentes de Louis XIII constituaient l'Académie française. Richelieu voulait, qu'elle fût la gardienne de la langue; les académiciens se mirent au dictionnaire - déjà !

Mais l'Académie était sans domicile. Elle siégeait chez l'un ou l'autre des académiciens de Paris: d'abord chez Conrart, puis ailleurs, et enfin chez le chancelier de France, Séguier. Louis XIV finit par lui donner deux salles au Louvre. Pendant cent ans, elle y tint ses séances.

L'Académie faillit être détruite par la Révolution qui ne voulait rien conserver du passé: en août 1793, elle fut forcée de s'éclipser. Mais elle reparut après la tourmente; et elle devint le théâtre de luttes moins graves, mais très vives.

D'abord l'Académie nomma ses membres au lieu de les élire. Il n'était pas plus facile pour cela d'y pénétrer: Corneille dut s'y prendre à deux fois, Boileau qui se faisait, avec un zèle que d'aucuns estimaient un peu empressé, l'ami prompt à censurer, eut plus de difficultés encore.

Quand Fénelon mourut, en 1'715, on songea à renouveler l'Académie. Tâche malaisée, car les hommes comparables à ceux du grand siècle manquaient. Massillon et Montesquieu - qui n'avait encore écrit que les Lettres persanes, - continuèrent pourtant d'entretenir l'éclat dont avait brillé l'illustre Compagnie. Plus tard, ce fut l'Ecole philosophique qui heurta à la porte de l'Académie. On n'ouvrit pas de très bon gré: Voltaire dut postuler trois fois; il fut admis en 1'742, ainsi que d'Alembert.

Puis ce fut le romantisme qui voulut les honneurs académiques, comme on dit de nos jours. Victor Hugo y aspira fortement et avec persévérance. Lemercier, un ennemi pourtant, lui avait dit un jour, après une séance de la Société des Gens de lettres: « Que ne vous présentez-vous à l'Académie ? » Il s'y présenta. Et il fit courageusement les visites. Chateaubriand le reçut à bras ouverts. Mais il n'en fut pas ainsi de tous. Charles Nodier, pour qui Hugo avait cependant fait une campagne électorale, lui refusa sa voix. Villemain, le Secrétaire perpétuel, lui dit : « Vous ne pouvez pas arriver parce que vous êtes le romantisme ». Cousin lui affirma qu'il ne pouvait rien attendre de ces vieilles ganaches. Thiers, lui ayant demandé pardon d'être ministre, se retrancha derrière une raison politique. Viennet fut presque touchant: « Je ne suis plus joué, dit-il à Hugo, et pourtant j'ai du talent. Mais c'est le romantisme qui me tue. Faites-moi ouvrir le Théâtre-Français et... »

Après s'être présenté cinq fois, Victor Hugo fut enfin élu. Le romantisme était entré à l'Académie: Vigny, Sainte-Beuve, Mérimée et Musset y arrivèrent.

Le même genre de lutte se continue aujourd'hui, à propos d'autres idées.

***

Une élection n'est pas une mince affaire. On en parle longtemps d'avance. Le Tout-Paris s'en mêle. Les salons littéraires s'agitent, supputent les chances avant même que les candidatures ne se soient précisées. On distingue des courants qui ne touchent pas tous aux lettres: les écoles, les cénacles, la presse, le grand public s'en mêlent, parfois la politique.

Des élections passionnent l'opinion, d'autres la laissent indifférente. Quelques-unes sont ternes, et mettent en lice des inconnus, au moins du grand nombre. Ce sont des modestes qu'une élite apprécie et à qui le public s'étonne que l'on ait songé. Des fonctions remplies avec éclat, des succès foudroyants - tel le cas de Foch ou celui de Rostand -conduisent sous la Coupole.

Le. candidat songe d'abord à ses visites, les fameuses visites académiques, si redoutables. J'ai assisté chez Anatole Leroy-Beaulieu, non pas tout à fait à une visite académique on le pense bien-, mais à l'aurore d'une candidature à l'Académie des Sciences morales et politiques, celle du Vicomte d'Avenel.

J'étais chez notre directeur, lorsque d'Avenel se présenta. Je me revois, en redingote étroite, le melon et les gants à la main, comme c'était de mode. « D'Avenel se porte candidat à l'Académie, me dit Anatole Leroy-Beaulieu, il vient faire la visite traditionnelle ». D'Avenel pénétra dans le salon de mon maître. La conversation porta sur le Canada que le sociologue connaissait bien et où il venait de faire, si je ne m'abuse, une série de conférences. .Je pues congé sans rompre la discrétion, sans souhaiter bon succès au candidat malgré le vif désir que j'en avais.

Des candidats se plient mal aux visites : tel Anatole France. D'autres les accomplissent comme un rite. L'accueil qu'on leur réserve varie avec l'humeur des académiciens qui sont déjà nantis et dans la place. Ils ont beau jeu. Souvent, ils ne se prononcent pas, observant - c'est le cas de le dire - « de Conrart le silence prudent ». Pour un qui s'engage à fond, que d'autres se récusent - ils ont promis leur voix ou se réservent. D'autres encore, dont l'accueil n'en est que plus aimable, ne se compromettent pas. Ou bien, s'ils sont de bonne humeur, ils s’amusent à supputer, en présence du candidat, les chances de ses adversaires. Le ton de la conversation est fort courtois, en général, mais qui sait ce qui se passe dans les esprits !

Au fond, l'élection seule compte et Dieu sait si elle est attendue ! Les reporters montent à l'assaut de la Coupole. Ils accueillent les votes et les publient aussitôt. Course à l'immortalité ! La majorité est influencée par les présences qui dépassent rarement trente- deux ou trente-trois, car il faut compter avec les malades, les absents, peut-être les boudeurs et naturellement les disparus. Des candidats l'emportent au premier tour. Ce sont les heureux. Il en est qui subissent des scrutins hésitants. Des voix se bloquent autour d'un nom et persistent jusqu'au moment où d'autres s'y ajoutent. L'heure est enfiévrée.

Enfin, les votes se cristallisent et le gagnant est livré à la publicité qui s'en empare avec voracité. On l'interviewe, on s'inquiète de sa vie, de ses goûts, de ses succès, de la voie qu'il a prise pour venir à l'Académie; on l'accueille, que dis-je: on le presse d'accueils; il fait bien dans les salons, dans les cérémo-nies; il pare les réunions et mange beaucoup en ville. Est-ce l'un d'eux qui disait : « Le jeton de présence est maigre, mais nous som-mes nourris ». Vie très employée, très dis-persée, jusqu'au moment où l'élu se ressaisit et se replie dans son oeuvre et sa gloire.


***

Mais il n'est pas encore intronisé. Il reste à fixer la date de la réception, ce dont l'Aca-démie se charge et, pour l'élu, à préparer son discours. Lourde tâche ! Et parfois em-barrassante; car on suppose aisément qu'un récipiendaire ne connaît rien, ou presque, de son prédécesseur: un grave historien ou un philosophe d'un dramaturge gai ou d'un poëte des grands chemins.

Enfin, tout s'arrange. Le nouvel élu se gave de lectures, s'informe des antécédents et de la vie de son sujet. Il 1e retrouve dans ses ancêtres, puis à l'école, au lycée, dans les institutions normales ou les universités, dans sa profession qui prête parfois à d'amusants retours: de la grand'route ou du théâtrechantant à l'Institut. Il analyse aussi son oeuvre dont il signalera les tendances et le tour d'esprit, sinon les soucis qu'elle révèle. A l'occasion, il donnera dans le couplet comme on fera pour lui. Il ne se privera pas de quelque malice, s'il s'en trouve sur son chemin, ni d'allusions à l'actualité, que l'auditoire, très sensible, accueillera d'un sourire ou d'un applaudissement.

Arrive le grand jour.

Des heures avant la séance, les abords du Palais Mazarin sont encombrés, car il y a plus de billets que de places. Les heureux, munis de cartes roses, pénétreront tout droit et se placeront au centre de la corbeille, près des académiciens. Les autres patientent: ils forment une file qui s'allonge et qui se transforme avec l'heure. Au début, parfois dès le matin, ce sont des plantons qui se suivent et attendent pour d'autres. C'est un des métiers de Paris. Plus tard, peu avant l'ouverture, la file subit une métamorphose: les casquettes et les calottes font place aux chapeaux élégants et aux impeccables hauts de forme.

A l'intérieur, les académiciens occupent leur siège et le Bureau prend place derrière une table à tapis vert. Il se compose du directeur, du secrétaire perpétuel et de celui qui va accueillir, au nom de l'illustre Société, le récipiendaire. Celui-ci se lève, les regards se fixent sur lui. La séance commence.

***

J'ai assisté à quatre réceptions: celles de Maurice Donnay, du Marquis de Ségur, de maître Henri Barboux et de jean Richepin. J'entendis donc l'éloge d'Albert Sorel par Maurice Donnay, à qui Paul. Bourget répondit; celui d'Edmond Rousse par le Marquis de Ségur, que reçut Albert Vandal; de Ferdinand Brunetière par Henri. Barboux, accueilli par jules Claretie; et d'André Theuriet par jean Richepin, à qui Maurice Barrès fit écho. Flot d'éloquence aux mouvements divers, flot de sentiments, d'images; assaut d'élégance et de finesse où percent les préoccupations de l'heure. Des applaudissements, des murmures, soulignent, parfois avec une passion contenue, les passages intéressants. On perçoit des virements d'opinion qui marquent des époques: comme il est loin « le parfum d'un vase vide » et proche le moment où, sous la Coupole, on acclama le nom de Jésus !

De Maître Barboux et du Marquis de Ségur, je n'ai guère gardé le souvenir. Un grand avocat, un remarquable historien s'écoutent mal du fond d'une tribune encombrée. Barrès me frappa: masque convaincu, voix sourde au service d'une prose admirable.

Maurice Donnay arrive, par le chemin des écoliers, du Chat Noir où les échansons penchés sur la soif des poëtes portaient, eux aussi, l'habit vert. Cependant, il ne renie rien de son passé. Il a assez d'esprit pour que l'illustre Compagnie lui pardonne tout. Il lit son discours lentement, d'une voix chaude, et le voilà immortel.

Il s'excuse, lui auteur de comédies, de prononcer l'éloge d'un historien sévère. Il évoque Albert Sorel, professeur à l'Ecole libre des Sciences politiques, qui apprit aux Français l'histoire de leur pays. Son oeuvre, l'Europe et la Révolution s'achève par « un acte de foi inébranlable dans les destinées de la France et le génie de la race». Donnay rappelle encore que Sorel, « un grand Normand », était attaché à sa province et s'y retirait volontiers.

Paul Bourget prend ensuite la parole: il montre Donnay tour à tour poëte ironique, auteur de comédies et finalement dramaturge-sociologue. A ce dernier titre, s'il n'a pas énoncé de lois - ce qui n'était pas son affaire, - il a du moins remué des idées et relevé « les vastes causes sociales derrière les plus simples destinées privées ».

Paul Bourget reprend à son tour la grande figure d'Albert Sorel et signale le sacrifice qu'il fit en abandonnant le roman pour l'histoire. Du moins a-t-il consacré sa vie à une oeuvre admirable où se trempe l'esprit de la nation.

Par la variété du ton et la profondeur des idées, ce fut vraiment une grande séance académique.

Voici Jean Richepin. Il vient tout droit de la bohème, et de la bohème à la langue verte. Mais il a tant aimé et si bien servi la langue française qu'on ne lui en tient pas rigueur. Richepin fut autrefois acclamé sans discrétion chez Bulier. Et sa muse, un peu débraillée, n'a encore rien d'académique; mais elle ne s'excuse point. Jean Richepin exprime seulement le regret que ce soit la première fois qu'il assiste à une séance de l'Académie.

Et il parle. Les vieux mots français fatigués par un long usage et, souvent, par un mauvais usage, prennent dans sa phrase prestigieuse un relief inattendu.

Je songe en l'écoutant que ces vocables sont à nous ; ils ont passé les mers avec les marins et les soldats, les colons, les missionnaires et les artisans qui ont formé le noyau de notre race.

L'éloge des parlers du peuple et des terroirs sera le thème du discours de Richepin. Les mots viennent de loin. Ils se sont transmis à travers les générations sur les lèvres des êtres les plus divers: enfants, jeunes filles, commères, soldats, artisans, vagabonds, grand'mères, et composent les légendes, les dictons, les proverbes, les sobriquets, les termes de métier, les lieux communs, les devises, les tropes, où se retrempe le génie de la langue.

Mais il convient qu'on parle une fois pour toutes au récipiendaire d'antécédents qu'il devra oublier. Maurice Barrès prend la parole : Si j'avais jamais cru vous revoir, dit-il à Jean Richepin, j'aurais pensé que ce serait dans quelque cérémonie insolite, mais pas à l'Académie française. Vous êtes venu à nous par les grand'routes, et c'est votre province qui vous a sauvé. Barrès aussi doit tout à sa province. Quelques-uns ont pensé que le régionalisme inspirerait à bon droit notre littérature, non pas le régionalisme de bimbeloterie qui menace de devenir à la mode, mais le fond même de la vie modeste et profonde de la province.

L'Académie a naturellement sa place au théâtre. Les auteurs dramatiques y font allusion volontiers. Rappellerai-je la parodie qu'ont faite dans l'Habit vert MM. de Flers et Caillavet ? Le récipiendaire ne manque pas la petite anecdote inutile, mais touchante, ni l'inévitable tirade qui a pour objet la femme.

Les femmes ne sont pas de l'Académie. Les cinq sections de l'Institut se sont réunies pour déclarer qu'elles ne pousseraient pas à ce point le féminisme. Et l'Institut n'a pas changé d'avis avec les années. Au Palais Mazarin même, que je visitais en touriste, je remarquai, dans la salle des séances, un petit buste de femme en pierre dont la figure ressemblait un peu à Madame de Sévigné. Je m'informai: - « Non, me répondit-on, il n'y a pas de femme: c'est la Vertu. »

Car il y a la vertu que l'on couronne périodiquement. Les académiciens compulsent de volumineux dossiers et décernent des prix. Puis, ils prononcent des discours où ils exaltent le dévouement des humbles et les inépuisables ressources de la charité. Ainsi l'a voulu M. Montyon, fondateur des prix.

M. Montyon n'a jamais eu de chance. Le succès bouda son oeuvre littéraire et- l'auteur peu lu, poursuivi jusqu'en outre-tombe par la guigne, ne laissa même pas une image d'après quoi l'on pût faire son monument. On trouva pourtant un bonhomme qui, lui ressemblant comme un frère, voulut bien, moyennant deux cents francs, poser et être pour la postérité M. Montyon.

Et l'Académie se referme sur le dictionnaire qui est ce qu'il y a chez elle de plus immortel.

***

Les sections de l'Institut tiennent chaque année une séance annuelle. De l'Académie des Sciences et de l'Académie des Sciences morales et politiques, je n'ai guère de souvenirs : réunions graves de savants et de sociologues.

Lors de la séance annuelle de l'Académie des Beaux-Arts, le 9 novembre 1907, j'eus la joie d'entendre un de mes compatriotes.

Après une notice sur la vie et les travaux d'Eugène Guillaume, lue par le Secrétaire perpétuel, Henry Roujon, des musiciens exécutèrent une scène lyrique qui avait remporté le premier grand prix: Selma, œuvre de M. Maurice-Georges-Eugène Le Boucher, élève de Fauré et de Widor. Les vers étaient mauvais et une musique, qui semblait tamisée, descendait sur l'auditoire depuis la tribune où Vidal dirigeait, avec quelle sobre élégance, l'accompagnement par l'orchestre de l'Opéra. Rodolphe Plamondon tenait le rôle de Kaïs. Il disait des choses attendries :

Non, car je viens d'entendre,
Tu ne peux t'en défendre,
Ta voix douce et si tendre
Répéter ton aveu.

Jamais je n'ai mieux compris qu'il y a une poésie qui gagne à être chantée. Pour moi, la douceur de la voix demeure ainsi que l'émotion qu'elle m'a donnée ; mais les mots sont morts comme l'héroïne sacrifiée par le vieillard Rassira à la colère du dieu Bel.

On est patriote loin de son pays. J'eusse voulu dire à tous: un Canadien français chante sous la Coupole et, naïvement, j'associais son succès à ceux que quelques-uns de nos compatriotes ont remportés en France. Avouons cette faiblesse. Quel orgueil nous éprouvions, par exemple, à rappeler aux Français qu'un des nôtres installa le trolley rue Réaumur... quand il n'y a pas là de quoi s'exalter.

****

Hanté par l'immortalité académique, qui ne peut être que terrestre, j'ai voulu savoir comment elle prenait fin.
Emile Gebhart mourut pendant que je me trouvais à Paris. Je me rendis chez lui pour saluer sa dépouille. Une foule discrète attendait. Le cercueil était recouvert de l'habit d'académicien, sur lequel on avait jeté le chapeau et l'épée. Le cortège suivit le boulevard de Strasbourg jusqu'à la gare de l'Est où des discours furent prononcés.

Le long du parcours, les hommes soulevaient leur chapeau, les femmes se signaient, les sentinelles, de leur guérite, présentaient les armes. A la gare, la cérémonie terminée, je m'approchai: la bière avait été placée dans une forte boîte de bois qui portait ces mots « Un cercueil, côté à ouvrir, Nancy ». Ainsi s'achevait, au mois dans le décor de Paris, la vie de ce grand Lorrain.

Le service de François Coppée eut lieu à Saint-François-Xavier. Nous avions pris place face à l'église, dans un petit parc. Les portes du temple étaient fermées, par crainte d'une manifestation. Autour de nous, un peloton de soldats attendait la fin de la cérémonie pour rendre les honneurs. Entretemps, un pauvre corbillard suivi de deux personnes s'engagea sur le boulevard des Invalides. Un commandement bref, un cliquetis soudain et ferme: le peloton présentait les armes à l'un de ces humbles que le poëte avait chantés.

Les portes de l'église s'ouvrirent brusquement, et le cortège se dirigea aussitôt vers le cimetière Montparnasse. Il n'y eut pas de discours. La dépouille de Coppée fut descendue dans le caveau familial. Sur la pierre tombale, on déposa une palme verte en souvenir du Passant, le premier grand succès du poëte et de son interprète, Sarah Bernhardt.

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L'Académie, dont le roi Georges V disait qu'elle fait l'orgueil de la France et l'envie de l'Europe, ne meurt pas. Le duc de Luxembourg - Albert Vandal le rappelait dans son discours de réception au Marquis de Ségur - avait été surnommé le tapissier de Notre-Dame parce qu'il en garnissait les murs avec des drapeaux pris à l'ennemi et que, ces étendards déjà déchiquetés pour avoir traversé les batailles achevant de tomber en poussière, il repartait en campagne et en rapportait d'autres.

Ainsi les académiciens qui se succèdent ornent sans cesse de nouveaux fleurons l'immortelle couronne de la France. Les oeuvres de l'Académie subsistent et font rayonner au loin la lumière intellectuelle du pays. « Coupole, s'exclamait Jean Richepin, ciel resplendissant des plus merveilleuses étoiles de France! »

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